Il se déplace souvent en Tunisie pour animer les équipes de Manpower-Tunisie et bénéficie d’une grande expérience en matière de flexibilité et de promotion de l’emploi.
Il est également très proche des milieux entrepreneurial et syndical puisqu’il préside une commission de la CGEM relative au travail temporaire. Dans une de ses conférences, M. Bellahrach cite parmi les causes du chômage devenu structurel, l’absence d’une vision globale de la part de l’Etat en matière de politique de l’emploi dans le temps. Cela signifie qu’il n’y a pas de stratégie à long terme pour la promotion de l’emploi, ni de mécanismes efficaces et de mesures concrètes avec un agenda précis et des étapes successives.
Le secteur informel accapare environ 40 % de l’économie, ce qui est beaucoup. Cela signifie qu’une bonne part de l’économie échappe à la transparence sociale, financière et fiscale donc, ne participe pas au Budget de l’Etat et ignore les droits et avantages sociaux des travailleurs. La compétitivité des entreprises est insuffisante faute de qualification et de productivité du personnel.
Notre système éducatif et de formation continue n’est pas du tout adapté aux besoins du marché du travail et aux attentes du monde de l’entreprise. Il y a une inadéquation entre les filières et les programmes de formation d’une part, et les demandes des chefs d’entreprise, en qualité, qualification et en nombre, d’autre part.
L’entreprise économique, en général, ne fait pas toujours preuve d’une grande capacité pour recruter et intégrer les jeunes diplômés et veiller de façon active à leur formation continue.
Le Directeur général de Manpower-Maroc affine encore plus son analyse en passant en revue les différents facteurs qui conditionnent l’ampleur et la progression du chômage.
Il y a tout d’abord la rigidité du Code du travail qui n’incite pas au recrutement et d’autre part une flexibilité insuffisante de l’emploi. En outre, l’intermédiation dans le secteur de l’emploi est faible et peu efficiente et mérite d’être développée.
Par ailleurs, il y a une insuffisance des aides étatiques à l’emploi et l’employabilité des candidats à l’emploi laisse souvent à désirer. Le monde est en train de changer, la société connaît des évolutions et des mutations profondes et rapides, mais notre manière de penser l’économie et a fortiori l’emploi ne suit pas de façon appropriée.
Acteurs économiques et partenaires sociaux doivent entrer dans une nouvelle ère : réviser les manières de penser et s’adapter réellement à l’économie de marché.
Le problème de l’emploi doit être pensé et traité en termes économiques et non sociaux.
Afin de promouvoir l’emploi, il y a lieu de définir les responsabilités qui incombent à tous les acteurs impliqués dans la problématique de l’emploi : l’Etat, les entreprises et les partenaires sociaux. L’Etat doit assumer ses “fonctions régaliennes” : éducation, formation, mise au point de règles de concurrence équitables et politique de protection sociale dictée par l’Etat.
Ce sont les entreprises qui créent la richesse et par conséquence l’emploi, elles doivent investir durablement pour continuer à exister dans une économie qui s’accélère. Les entreprises, de leur côté, doivent s’acquitter de leurs impôts et du paiement de leurs charges sociales.
Pour ce qui est des partenaires sociaux, leur rôle consiste à favoriser un dialogue social permanent, constructif et à participer à l’élaboration d’une politique de promotion efficace et durable de l’emploi.
M. Bellahrach préconise six conditions nécessaires pour une lutte efficace contre le chômage. D’abord bâtir une vision globale pour une politique efficace de l’emploi comportant les différents volets suivants : éducation de base, enseignement long, filières spécialisées, formation professionnelle et formation continue.
Créer les conditions de la croissance des entreprises : compétitivité accrue, accès aux marchés publics, coût du travail et règles de concurrence transparentes.
Il importe également de lutter contre l’informel et de favoriser la flexibilité sur le marché du travail. Le code du travail doit être adapté aux réalités socio-économiques de notre environnement d’aujourd’hui, celui de la mondialisation avec ses crises et ses relances.
Le dialogue social direct entre les entreprises et les partenaires sociaux doit aboutir à un pacte social pour la promotion de l’emploi, dans l’intérêt bien compris de toutes les parties prenantes.
Par Ridha Lahmar