Un premier mai tourmenté

Le programme de gouvernement peaufiné par l’UGTT, mais ignoré au sommet de l’autorité, est source de discorde imputée au syndicalisme controversé.
Car la Centrale syndicale défend les travailleurs, mais elle outrepasserait la division des tâches si, au gré de militants outranciers, elle soutenait le pari de gouverner le pays. A chacun son béguin. Interviewé au sujet de la fête ouvrière, El Ayech Younsi, tenant d’une épicerie, me dit : « Depuis deux semaines, ou trois, Taboubi ne parle pas. Auparavant, chaque jour il montrait ses dents. Il se taisait parce que, lui aussi, a, peut-être, un dossier ». Quel sens aurait pareil silence ? Le discrédit de la Centrale syndicale aurait fini par orienter l’accusation vers son dirigeant. Plusieurs médiateurs signalèrent l’indignation collective face aux grèves sans préavis et Taboubi inscrit ceci au registre d’un complot ourdi contre lui et l’UGTT. Les tribulations de la direction impactent l’organisation. De même, Ghannouchi pompe la religion sans pour autant la remettre elle-même en question. Les écrits et dits du gourou nahdhaoui n’ont rien à voir avec ceux de Nietzsche. Mais, à l’orée de ce premier mai, pourquoi le porte-voix de l’UGTT redouble-t-il d’agressivité envers le Carthaginois rendu responsable de la crise et du prêt du FMI compromis ? Une hypothèse paraît à envisager. L’offensive engagée au seuil du premier mai contre le campé au palais, aurait partie liée avec le ressentiment populaire éprouvé envers Taboubi et ses débrayages sauvages. 
Le blocage des transports et la retenue des notes scolaires figurent parmi les raisons de la colère.
Ainsi serait à interpréter le sens du silence par tous remarqué. Et maintenant, spectateurs et analyseurs assistent à la continuation du sinistre feuilleton. Après l’empire de Montplaisir, fermé d’autorité, voici venu le tour du local où logeait le parti chapeauté par Néjib Chebbi, le caniche de Ghannouchi.
Lui et ses complices agissent pour des prunes destinées au roi de Prusse. Car l’alliance avec plus fort que soi préfigure les pires désarrois au cas où tomberait le Carthaginois. Ennahdha, déclaré mort et enterré, balayera le soi-disant Front du salut, ce groupuscule obtus : tout ce beau monde, au calcul bizarre, travaille pour les truands de la chambre noire.
Depuis quand nos amis nahdhaouis seraient-ils devenus les dépositaires de la démocratie exhibée par Chebbi ? Sous le couvert des grands principes, la bande à Ghannouchi, emprisonnée ou en cavale, rêve de refaire passer sa marchandise en contrebande. Ecoles coraniques et appuis étrangers ne meurent point du jour au lendemain.
Pour discréditer l’Armée, les petits malins la disent noyautée. Jusqu’à présent, elle assure la stabilisation de la société. Mais attention, au Soudan, deux généraux mettent leur pays à feu et à sang.
En Libye, une même bipolarisation menace la sécurisation. Ces conflits, déclarés ou latents, professent une leçon. La paix n’est jamais donnée. Œuvre à faire et, sans cesse, à refaire, elle implique une veille de chaque instant du temps. A l’heure où un semblant de répit semble acquis, les agents sociaux attribuent les carnages aux « autres » et donnent à voir leur miel pour un don du ciel. Dormir sur ses lauriers peut semer les germes d’un réveil peu envié.   
Création continue, la paix n’a aucune partie liée avec un peuple élu pour somnoler avec ou sans guerre ukrainienne, surchauffe climatique et déferlante subsaharienne. A l’occasion du premier mai, fête solennelle, Aragon scrute le trio Ghannouchi-Chebbi-Taboubi et lui dit : « Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard »… « A quoi peut leur servir de se lever matin / Eux qu’on retrouve au soir désœuvrés, incertains / Dites ces mots ma vie et retenez vos larmes ».
Un premier mai bien agité advient pour ces faux chérubins.

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