Un remake de Mai 68 ?

Par Aïssa Baccouche

Après 56 ans, les jeunes d’aujourd’hui se rappellent, à Paris comme aux Etats-Unis, aux bon souvenirs des prépondérants du jour.

Comme naguère la guerre au Vietnam, le génocide de Gaza allume la flamme de la révolte d’une jeunesse qui, quoi qu’on dise, est la conscience du Monde.

Etudiant tunisien à Paris, je fus par le jeu du destin, aux premiers rangs des témoins oculaires d’un moment fort de l’histoire de France de la seconde moitié du XXe siècle.

J’étais donc dans l’enceinte où se déroulaient les actes de Mai : à la Sorbonne, sur le « Boul-Mich » (le boulevard Saint-Michel), au Théâtre de l’Odéon, au stade Charlety… Je ne pouvais pas, et je ne voulais pas, manquer ces scènes quotidiennes de la rue parisienne. Elles gardaient miraculeusement un caractère bon enfant chez les « belligérants », c’est-à-dire les étudiants d’un côté, les forces chargées du maintien de l’ordre, de l’autre. C’était une situation qu’on qualifierait aujourd’hui de ni-ni : ni guerre ni paix.

La France allait bien, mais sa jeunesse avait mal. Un mal de vivre qui remontait aux années où Boris Vian (1920-1959) criait sa colère à Saint-Germain-des-Prés. Point de dessein à l’horizon, sauf celui de la grandeur brandie par le général de Gaulle (1890-1970) qui de toute évidence, ne passionnait pas les Français, qu’il qualifiait lui-même de « veaux ». Une chape de conformisme recouvrait le paysage audiovisuel de la France.

C’est alors que ce qui devait arriver arriva. La jeunesse avide de changements s’en prit à la citadelle. A chaque génération sa Batille. Ce fut, cette fois, le Quartier latin.

Mais c’est une « récréation » que s’offrit la jeunesse un mois durant. Une récréation au sens originel du terme. C’est-à-dire que les jeunes étaient mus par l’ambition de recréer le monde. Un monde juste et apaisée et d’où seraient bannies les réminiscences du colonialisme et du despotisme.

Mai 68 était-ce un grand chahut, comme le décrivait Raymond Aron (1905-1983), ou bien un complot international comme le soutenait, Alain Peyrefitte (1925-1999), historiographe du général de Gaulle ? La réalité est souvent rebelle aux jugements à posteriori. Tel que je l’ai vécu, Mai 68 avait l’apparence d’un vaste défoulement d’énergie, de passions et même d’amour.

 

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