La ministre française du Travail Muriel Pénicaud a annoncé lundi que 9,6 millions de salariés étaient actuellement au chômage partiel, soit près d’un salarié du privé sur deux, et appelé les chefs d’entreprises à reprendre leur activité s’ils le pouvaient.
« Ce matin, ce sont 9,6 millions de salariés qui gardent leur contrat de travail, sont au chômage partiel mais dont le salaire est payé par l’Etat », a indiqué la ministre sur RTL, évoquant une « situation tout à fait hors du commun, qu’on n’a jamais connue en France ». « On est quasiment à un salarié sur deux dans le secteur privé dans le pays », a-t-elle souligné.
Lors de la sortie du confinement, « le 11 mai, on ne ferme pas le chômage partiel, sinon il y aurait des catastrophes », a déclaré la ministre. « Mais ça va être dégressif, au fur et à mesure que l’activité reprend, on a besoin de moins de chômage partiel », a-t-elle précisé.
« Par exemple, si un chef d’entreprise qui a 100 salariés demain retrouve de l’activité, du marché, qui lui permet de rappeler 20 de ses salariés(…), à ce moment-là, on continuera le chômage partiel sur 80 (salariés, NDLR), ça pourra être dégressif en proportion de la remontée de l’activité. C’est important car ça permet de ne pas être dans le tout ou rien », a affirmé la ministre.
Muriel Pénicaud a également incité les chefs d’entreprise à relancer leur activité, « s’ils le peuvent, c’est-à-dire s’ils retrouvent des marchés, s’ils mettent en place les guides de bonne pratique en terme de santé et de sécurité qu’on a fait secteur par secteur ».
En respectant ces guides, au nombre de 31 pour l’instant, « vous respectez vos obligations de sécurité des salariés, donc vous êtes dans les clous » et cela permet « aux salariés de se dire « je peux aller en sérénité travailler », a-t-elle estimé.
*Objectif 500 mille tests par semaine
Le Premier ministre Edouard Philippe a tracé les grandes lignes d’un déconfinement qui exigera le maintien de précautions sanitaires pendant de longs mois et reposera sur des tests massifs et l’isolement des malades. Face à « beaucoup d’inconnues » qui entourent encore le virus, les Français vont « devoir apprendre à vivre avec lui » et attendre encore longtemps pour retrouver leur « vie d’avant » la crise, a-t-il averti.
Sommé par Emmanuel Macron de présenter un plan de déconfinement avant la fin avril, avec l’appui du haut fonctionnaire et maire Jean Castex, M. Philippe en a dessiné les grands principes au côté de son ministre de la Santé, Olivier Véran. Il a insisté sur « trois éléments essentiels » pour enclencher le processus à partir du 11 mai: la poursuite de l’adoption « des gestes barrières », comme la distanciation sociale, la généralisation du port de masques « grand public » et le dépistage massif.
Les commerces actuellement fermés en raison de la crise sanitaire ne pourront donc rouvrir que s’ils font respecter les « gestes barrières » et prennent des mesures de « distanciation sociale », a déclaré Edouard Philippe dimanche lors d’une conférence de presse. Les cafés et les restaurants resteront en revanche fermés car leur activité « ne permet pas de limiter dans un premier temps la circulation du virus », a ajouté Edouard Philippe.
En ce qui concerne le dépistage, l’objectif du gouvernement est de pouvoir réaliser à partir du déconfinement 500.000 tests par semaine pour les personnes présentant des symptômes et celles ayant été en contact avec un malade du Covid-19, a indiqué M. Véran. Les masques produits en France à 17 millions d’exemplaires par semaine d’ici le 11 mai seront probablement rendus « obligatoires » dans les transports publics, répondant ainsi à la demande des principaux opérateurs de transports en commun.
Le nombre de patients hospitalisés pour une infection au Covid-19 s’élevait dimanche à 30.610, avec un solde en légère baisse de 29. Parmi ceux-ci, 5.744 patients dans un état grave étaient hospitalisés en réanimation, avec un solde négatif de 89 sur vendredi.
Il s’agit du onzième jour consécutif de baisse nette du nombre de patients en réanimation et du 5e de baisse consécutif des hospitalisés. Sur les 395 morts (hôpitaux et Ephad) annoncés dimanche soir sur 24H00, 227 (sur 395) sont décédés à l’hôpital, soit le nombre le plus bas de décès à l’hôpital depuis quatre semaines (23 mars avec 186 morts).