Un troisième confinement est-il inévitable en France ?

Le gouvernement français juge la situation « très préoccupante dans une dizaine de départements ». Le Premier ministre tiendra une conférence de presse ce jeudi à 18 heures.
Un troisième confinement est-il inévitable en France ? Pour le moment, l’approche régionalisée est privilégiée par l’exécutif pour lutter contre le Covid-19. Après Nice, Dunkerque va être à son tour confinée les week-ends, a annoncé mercredi le gouvernement, qui appelle à ne pas relâcher les efforts face à une situation qui « se dégrade » au niveau national.
Dans le reste de la France, la situation épidémique est aussi « très préoccupante dans une dizaine de départements », a alerté le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à l’issue du conseil des ministres. « Tous nos efforts doivent se poursuivre » pour « éviter d’avoir à décider d’un nouveau confinement national », a-t-il ajouté. Fini l’optimisme, le ton est désormais plus grave. Le Premier ministre Jean Castex tiendra une conférence de presse ce jeudi à 18 heures, et de nouvelles restrictions sont attendues dans certains territoires.
*Indicateurs inquiétants
Plus largement, un rebond épidémique dans le pays est redouté. Le nombre des cas positifs répertoriés a atteint un plus haut depuis novembre, selon les données publiées par Santé publique France (SpF). L’agence sanitaire a rapporté 31 519 cas positifs, soit un plus haut depuis la mi-novembre. Ce nombre élevé pourrait cependant s’expliquer par un effet de « rattrapage » sur les derniers jours. Mais la tendance est bien à la hausse.
Le taux de positivité (pourcentage de personnes positives au Covid-19 sur l’ensemble des personnes qui se sont fait tester) était en revanche stable par rapport à la veille, à 6,5%. Une semaine auparavant, il atteignait à 5,9%.
La pression hospitalière, elle, demeure forte. Les hôpitaux comptaient mercredi 25 614 patients malades du Covid-19, contre 25 660 mardi. Sur les dernières 24 heures, 1636 personnes ont été hospitalisées, contre 1780 la veille. 3436 patients occupaient les services de réanimation, contre 3435 la veille. Sur les sept derniers jours, 9450 personnes ont été hospitalisées, dont 1809 admises en service de réanimation.
*Dégradation attendue, malgré la vaccination
Malgré l’espoir de la vaccination, la dégradation de la situation sanitaire en France semble inéluctable, notamment à cause des variants, plus contagieux. La progression de la campagne de vaccination ne permettra pas, sans restrictions supplémentaires, d’éviter un bond des hospitalisations à un niveau supérieur au pic de la première vague, estime une étude de l’Institut Pasteur publiée mercredi.
Dans l’hypothèse où 100 000 doses de vaccins par jour seraient distribuées jusqu’en avril, puis 200 000 par la suite, « on s’attend à avoir 28% d’hospitalisations en moins au 1er avril, et 46% au 1er mai », par rapport à un scénario où on n’aurait pas de vaccin disponible, a expliqué à l’AFP Simon Cauchemez, responsable des modélisations mathématiques des maladies infectieuses à l’institut.
Si le calendrier de ce nouveau pic est difficile à prévoir, « dans la majorité des scénarios on s’attend à ce qu’il y ait une reprise ». Le nombre de nouvelles hospitalisations pourrait frôler 4500 par jour, contre environ 3750 au pic de la première vague, et un peu plus de 2500 pour la deuxième. L’équipe de chercheurs constate qu' »atteindre des réductions importantes du taux de transmission permettrait d’écraser la dynamique de l’épidémie et d’avoir un redémarrage plus tard, à un moment où plus de monde sera vacciné », souligne Simon Cauchemez.
*Le Conseil scientifique pas assez écouté ?
Si le Conseil scientifique tire la sonnette d’alarme depuis plusieurs semaines, ses recommandations n’ont pas été suivies. On avait même presque oublié son existence depuis le pari de l’exécutif de ne pas reconfiner. Dans une note d’éclairage datée du 29 janvier, mais rendue publique seulement mercredi, l’instance plaidait pour un reconfinement national, strict, en février. « Si l’on reste sur la trajectoire actuelle, on peut s’attendre à ce que le nombre d’hospitalisations dépasse rapidement celui observé durant la première vague de la pandémie », alertait-il.
Un confinement strict de quatre semaines, dès début février, aurait permis d’atteindre l’objectif des 5000 cas quotidiens et de « gagner du temps à un moment critique », face à la menace des variants, plus contagieux. Deux dates de mises en oeuvre du reconfinement étaient évoquées : le 1er février ou le 8 février. « Si le confinement est retardé d’une semaine, il faudra une semaine de plus pour atteindre l’objectif de 5000 cas. Cela veut dire que la remontée des cas sera également décalée d’une semaine, laissant plus de temps pour la mise en place d’une stratégie de contrôle et traitement en sortie de confinement », écrivent les membres du conseil.
L’instance proposait aussi des restrictions en Moselle depuis plusieurs semaines, dans un avis daté du 12 février portant sur la progression du variant sud-africain et à la situation dans l’est de la France. Deux scénarios sont là aussi évoqués. Dans le premier, il est proposé de renforcer les mesures en testant plus largement, en séquençant à grande échelle et en renforçant les consignes d’auto-isolement auprès des personnes âgées et plus fragiles. Dans le second scénario, il est proposé, outre cela, d’avancer les vacances scolaires d’une semaine et de « créer une zone regroupant les départements les plus touchés du Grand-Est et contrôler l’entrée et la sortie de cette zone ». L’annonce de nouvelles restrictions ce jeudi donnera peut-être raison à l’instance.
(L’Express, avec AFP)

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