Candidat officiel de la Tunisie au poste de secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), Habib Ammar a présenté ce lundi sa feuille de route pour 2026-2029. Une première pour le pays, qui mise sur son expertise sectorielle – 350 mille emplois générés localement – pour convaincre les 35 membres du Conseil exécutif. Les élections, prévues les 29 et 30 mai à Madrid, opposeront six prétendants à cette institution onusienne pivot.
Soutien unanime des institutions
L’ancien ministre du Tourisme (2016-2020) n’a pas éludé les défis. « Le secteur vit une mutation sans précédent », a-t-il martelé, égrenant les urgences : dérèglement climatique, saturation des destinations phares (le « surtourisme ») et basculement vers le « tourisme 4.0 ». Sa proposition ? « Accélérer la digitalisation tout en bridant les fractures technologiques entre pays et entre PME et géants du secteur. » Un équilibre délicat, alors que la Tunisie elle-même peine encore à généraliser ces outils, malgré « une jeunesse ultra-compétente en numérique ».
Au demeurant, son programme s’articule autour de sept axes, dont la diversification de l’offre – plaidant pour un tourisme médical tunisien déjà reconnu – et la promotion d’un modèle durable. « Nos 2 500 km de côtes et nos 8 sites classés à l’UNESCO sont des atouts, mais il faut sortir du tout-balnéaire », a-t-il insisté, en écho aux réformes lancées par Sofiene Tekaya, actuel ministre du Tourisme.
Preuve que l’enjeu dépasse les frontières sectorielles, Mohamed Ali Nafti, chef de la diplomatie, a apporté son plein soutien. « Cette candidature consacre notre engagement multilatéral et notre rôle historique dans le dialogue des civilisations », a-t-il déclaré, rappelant que la Tunisie siège « depuis des décennies » au Conseil exécutif de l’OMT.
Quelles chances de succès ?
Derechef, Sofiene Tekaya a brandi les récents chantiers : ouverture vers la Chine (12 mille touristes en 2024), la Russie et bientôt l’Irak – avec une ligne aérienne directe Tunis-Bagdad annoncée pour 2026. « Nos participations aux salons internationaux, comme le récent MITUR au Brésil, prouvent notre dynamisme », a-t-il souligné.
Si les atouts tunisiens sont tangibles – 7 millions de visiteurs en 2024, un secteur représentant 8,2% du PIB –, la compétition s’annonce serrée. Le verdict tombera fin mai.« Le tourisme de demain se joue aujourd’hui », a lancé Habib Ammar en conclusion. Un credo qui tinte comme un appel aux 35 pays votants : celui de faire du secteur non plus simplement une industrie, mais un véritable levier de transformation globale.
Photos, réalisation et montage: Riadh Sahli