Par Hatem Bourial
Désignée le 29 septembre 2021 par le président Kaïs Saïed, Najla Bouden Romdhane est devenue la première femme cheffe de gouvernement en Tunisie et dans le monde arabe.
Un an après sa désignation, son bilan reste mitigé malgré ses efforts et ceux du gouvernement à trouver des issues aux difficultés actuelles.
Très active, Najla Bouden ne dételle jamais. Ces derniers jours ont été marqués par plusieurs rencontres et négociations. Ainsi cherchait-elle des convergences avec l’Utica, le syndicat des patrons, lors de consultations qui se sont déroulées la semaine dernière. Parallèlement, la Cheffe du gouvernement mène un marathon de négociations avec la Centrale syndicale ouvrière afin de trouver des dénominateurs communs qui puissent permettre d’engager des réformes devenues pressantes.
Rompue aux discussions avec les partenaires internationaux de la Tunisie, Bouden a recueilli le soutien de plusieurs institutions à l’instar de l’Union européenne ou du Programme des Nations unies pour le développement dont Céline Moyroud, la représentante en Tunisie, l’assurait de son soutien, il y a juste une semaine.
Depuis le début de son mandat, la Cheffe du gouvernement a effectué plusieurs visites officielles en Arabie saoudite, en Algérie ou en France, pays dans lequel elle s’est rendue à plusieurs reprises pour participer à des forums politiques ou professionnels. Najla Bouden a également représenté la Tunisie lors de plusieurs sommets et également contribué au succès de la Conférence de Tokyo pour le développement de l’Afrique qui s’est tenue en août. Dans cette optique, le gouvernement Bouden a également en perspective le prochain sommet de la Francophonie multilatérale qui se déroulera en novembre à Djerba.
Des objectifs qui restent lointains
Dès ses premiers pas, la nouvelle responsable du palais de la Kasbah avait présenté les objectifs de son gouvernement qualifiés d’ambitieux. Bouden avait déclaré, dans son discours prononcé à l’occasion de l’annonce de la composition de son gouvernement, que son objectif était de restaurer la confiance et l’espoir et d’assurer la sécurité économique et sanitaire du citoyen.
«Nous visons à restaurer la confiance des citoyens dans le travail de l’Administration et du gouvernement. L’un des objectifs les plus importants est de lutter contre la corruption, un phénomène qui s’amplifie de jour en jour», avait-elle également déclaré, soulignant qu’elle œuvrerait à redonner espoir au citoyen « dans un avenir meilleur », et à adopter la compétence et l’expérience comme bases pour atteindre ces objectifs ainsi que l’efficacité des institutions publiques.
Bouden avait également indiqué que son programme comprenait l’accélération et la redynamisation de la vie économique, l’ouverture du champ d’initiative et l’amélioration des conditions de vie des citoyens et de leur pouvoir d’achat à travers des services de qualité.
Un bilan en demi-teinte
Pour certains, son bilan passe inaperçu, alors que pour d’autres, elle remplit parfaitement sa mission. Une année après sa nomination, quels sont les axes majeurs de ce bilan ? Sur le plan économique, la Tunisie est toujours en crise, en dépit des efforts du gouvernement. Certes, Najla Bouden gère une situation difficile dont elle a hérité, mais elle est dans l’obligation de trouver des solutions dans l’immédiat.
La loi de Finances pour l’année en cours n’a pas selon toute évidence apporté les réformes nécessaires censées sortir le pays de cette crise étouffante, avec des négociations avec les partenaires sociaux et les bailleurs de fonds, qui continuent à traîner en longueur.
Sur le plan social, Najla Bouden maîtrise la situation en dépit des protestations et jusque-là puise dans la popularité du président de la République pour juguler toute tension sociale.
Toutefois, le gel des salaires, le gel des recrutements et la levée progressive de la subvention des produits de base et des carburants, pourraient modifier ces équilibres encore précaires.
Sur le plan de la communication, le rendement de Bouden reste plutôt maigre. Aucune décision populaire, aucune apparition médiatique remarquable pour une haute responsable qui ne parvient toujours pas à sortir de l’ombre du président de la République.
Une première dans le monde arabe
Née en 1958 à Kairouan, Najla Bouden est professeure de l’enseignement supérieur à l’École nationale d’ingénieurs de Tunis, spécialisée en géosciences.
Elle a occupé le poste de chargée de mise en œuvre des programmes de la Banque mondiale au ministère de l’Enseignement supérieur. En 2011, elle avait été nommée Directrice générale en charge de la Qualité au ministère de l’Enseignement supérieur.
Elle avait également occupé le poste de cheffe de l’unité de gestion des objectifs dans le même ministère, et s’était vue confier une mission au bureau de l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, Chiheb Bouden, en 2015.
Najla Bouden Romdhane est la première femme à occuper le poste de Cheffe du gouvernement dans l’histoire de la Tunisie et du monde arabe.