Méfions-nous de l’équivoque humaniste occidentale ! Si les slogans de démocratie, de liberté, de valeurs humaines et de droits de l’homme se globalisent, leur mise en œuvre ne cesse et ne cessera de diviser. Tout cela, on le sait depuis des décennies. On le répète à l’infini. Certains s’en occupent d’une façon encore très prudente. C’est peut-être une énième occasion de le crier à ceux qui croient encore à cette nouvelle sous-idéologie «droit-de-l’hommisme» qui sème à tout vent injonctions et exorcismes en se présentant comme le collège sacré d’un culte civilisationnel envahissant. Son lexique moral est aussi très présent à travers des thèmes comme l’égalité, la justice, le droit international, la dignité et l’espoir d’un avenir meilleur pour tous les peuples ! C’est par un tel processus «humaniste» qu’une volonté de destruction méthodique se transforme en politique hégémonique, moralement et stratégiquement acceptable. Ce concept, qui n’est en vérité, qu’un métaphorique écran de fumée et un redoutable camouflage à motivation fumeuse, a sans doute connu des évolutions progressives par étapes successives, subissant ainsi les effets du temps qui passe, qui use, qui altère et qui détériore à telle enseigne que la signification de ce concept a connu un coup fatal après que les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité ont atteint le comble de la barbarie par la destruction massive de milliers de maisons palestiniennes sur la tête de leurs habitants, dont des enfants, des femmes et des vieillards à Gaza, avec le soutien militaire, financier et politique de l’Occident «humaniste». Les pouvoirs américains et européens impliquent une volonté délibérée de brandir des slogans éthiques francs et sans ambiguïté, mais de pratiquer le contraire sur le terrain, sans ambages, là non plus ! C’est donc la volonté de conserver l’image traditionnelle de l’Occident «civilisé», attaché, d’un côté, aux valeurs de démocratie, de liberté et de défense des droits de l’homme et, de l’autre, de pérenniser le colonialisme, l’exploitation et les plans d’injustice, d’oppression et de duperie. Le premier objectif a été servi par des slogans qui ne peuvent plus tromper personne. Le second, par une pratique qui a confirmé la réalité des intentions. Une camelote idéologique qui hiérarchise de prétendus rapports de «colonisateur/ colonisé» et explore les multiples formes d’une haine endémique. Il est pour le moins troublant, pour ne pas dire révoltant, qu’il faille rappeler de telles évidences en cette époque dans un Occident qui, jusqu’à nouvel ordre, est un «monde civilisé». Cette approche colonialiste est d’autant plus dangereuse qu’elle introduit le trouble dans une période d’instabilité mondiale où le rôle de l’Occident est, plus que jamais, d’apporter de l’honnêteté, de la crédibilité et de la justice. Pourquoi le droit international, la légalité, les valeurs humaines, longtemps décisifs dans l’affirmation de la supériorité morale de l’Occident ainsi que dans l’affrontement avec les totalitarismes, sont-ils devenus aux yeux de la plupart des décideurs politiques aux États-Unis, en Europe et en Amérique du Nord, des mots obscènes ? Il ne faut pas croire que, derrière ce spectacle affreux, dans lequel slogans creux et industries de la mort se contrebalancent cyniquement, l’image et l’autorité morale de l’Occident demeurent intactes, bien au contraire, celles-ci sont désormais l’objet d’un grand discrédit. Ce qui me frappe, comme observateur longtemps attaché aux valeurs européennes en particulier, c’est le renoncement à ce qui est non seulement la crédibilité des grands pays comme la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou la France, mais aussi à ce qui est probablement l’essence même de leur héritage civilisationnel.