Une employée canadienne du Programme des Nations unies pour le développement crée l’événement à New York en faisant campagne pour succéder au secrétaire général de l’ONU António Guterres. Même si ses chances d’aboutir semblent quasi inexistantes, Arora Akanksha y croit.
Une Canadienne à la tête de l’Organisation des Nations unies ? C’est le rêve d’Arora Akanksha. Cette femme de 34 ans a posté sur Twitter sa candidature et lancé un site web pour sa campagne nommée UNOW, financée par un budget personnel de quelque 25 000 euros. Celle qui n’a aucune expérience diplomatique, confie-t-elle au journal canadien La Presse, compte approcher le Canada pour qu’il la nomme officiellement. “Je souhaite tout d’abord donner une chance au pays de me connaître.”
*Qui est Arora Akanksha ?
Le quotidien montréalais rappelle qu’elle est née en Inde dans une famille de réfugiés pakistanais et a grandi en Arabie saoudite avant de déménager à l’âge de 18 ans au Canada. Elle est diplômée en études administratives à l’université York de Toronto et a obtenu à New York une maîtrise en administration publique à l’université Columbia. Après avoir été gestionnaire chez PricewaterhouseCoopers (PwC) Canada, elle a été recrutée à l’ONU pour aider aux réformes financières de l’organisation.
C’est là, annonce-t-elle au New York Times, que “son admiration pour l’organisation s’est rapidement transformée en choc”. Ce choc est survenu, dit-elle, lorsqu’elle a vu un enfant manger de la boue alors qu’elle travaillait en Ouganda. De retour à New York, elle en a fait part à un responsable onusien qui lui a dit que la boue contenait du fer. Cela l’a outré : Le système est tellement incroyable en apparence, mais il n’y a aucune cohérence pour faire avancer les choses.”
*Son programme
Arora Akanksha soutient que les Nations unies sont une organisation sclérosée, gaspilleuse, paternaliste et condescendante envers bon nombre de jeunes membres de son personnel. Dans une vidéo sur YouTube, elle allègue que seulement 29 % du revenu de l’ONU est alloué aux causes que l’organisation soutient. “Nous consacrons nos ressources à la tenue de conférences, à la rédaction de rapports. […] Nous avons perdu le sens de notre raison d’être, de ce que nous sommes censés faire”, déplore-t-elle dans une déclaration reprise par le média indien Business Today.
Elle n’est pas tendre envers António Guterres, qui a annoncé en janvier vouloir obtenir un second mandat à la tête de l’ONU : “Il a échoué à réformer l’institution”, dit-elle à La Presse. La Canadienne est convaincue que l’ONU peut être dirigée de façon plus efficace pour que soit assurée sa mission, celle de garantir la paix et la sécurité, résume le journal.
[Il faut donner] la priorité à la question des réfugiés, aux crises humanitaires, à l’éducation et aux nouvelles technologies.”
*A-t-elle une chance d’être élue ?
Des collègues comme Pauline Pamela Pratt du Fonds des Nations unies pour la population admirent sa ténacité. D’autres, résume le New York Times, la jugent ignorante des forces géopolitiques qui ont façonné les Nations unies. De plus, signale le quotidien, le secrétaire général de l’ONU a peu de pouvoir, étant “essentiellement redevable” aux membres permanents du Conseil de sécurité, qui jouent un rôle décisif dans sa nomination.
La candidature d’Arora Akanksha n’est pas encore officielle et les États membres, dont le Canada, ont jusqu’à juin pour présenter des candidats en vue du vote officiel, qui aura lieu en octobre.
“En soixante-quinze ans, l’ONU n’a jamais été dirigée par une femme”, fait remarquer La Presse. “Si on veut avoir des résultats différents, on doit faire les choses différemment”, estime Arora Akanksha.
(Courrier International)