« C’est une décision incompréhensible et brutale », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, ce lundi 12 mai, lors d’une visite dans le Calvados — un département du nord de la France.
La « décision » en question ? Il s’agit de la demande officielle formulée par l’Algérie d’expulser immédiatement au moins quinze agents diplomatiques français. Un nouveau symbole des tensions persistantes entre les deux États, moins d’un mois après des expulsions réciproques ayant concerné douze agents diplomatiques.
Une affaire de violation de procédures
Le dimanche 11 mai, le chargé d’affaires de l’ambassade de France en Algérie a été convoqué au siège du ministère algérien des Affaires étrangères. Il a été informé de l’identification d’au moins quinze fonctionnaires français mandatés pour des missions diplomatiques ou consulaires, sans que leur présence ait été notifiée par une note préalable ou une demande d’agrément, comme le prévoit la convention de Vienne et les usages diplomatiques. Alger ajoute que certains de ces agents ont reçu des passeports diplomatiques sans avoir obtenu l’accord des autorités locales.
En outre, parmi ces fonctionnaires figurent deux agents relevant du ministère français de l’Intérieur, placé sous la tutelle de Bruno Retailleau. Depuis sa prise de fonctions en septembre 2024, ce dernier a multiplié les déclarations controversées sur l’Algérie, notamment à propos de l’épineuse question des visas, ajoutant de l’huile sur le feu d’une relation diplomatique déjà brûlante. Ces fonctionnaires avaient été dépêchés pour remplacer ceux déjà déclarés persona non grata en avril dernier.
« Le départ d’agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable. Et comme je l’ai fait le mois dernier, nous y répondrons de manière immédiate, de manière ferme et de manière proportionnée à l’atteinte qui est portée à nos intérêts […]. C’est une décision que je déplore parce qu’elle n’est ni dans l’intérêt de l’Algérie ni dans l’intérêt de la France », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères. Par ces mots, Jean-Noël Barrot marque une inflexion claire : chaque geste diplomatique de l’Algérie perçu par la France comme une offense sera suivi d’une riposte. Ainsi, l’attitude affichée des deux États laisse présager une crise sans issue.