Jawhara Tiss, ancienne députée d’Ennahdha à l’Assemblée nationale constituante (ANC) et responsables de la jeunesse du parti islamiste a annoncé, ce lundi 9 novembre 2020, sa démission du parti de Rached Ghannouchi.
Dans un statut publié sur sa page Facebook aujourd’hui, Tiss a précisé qu’Ennahdha est devenu un projet au service d’une seule et unique personne et qui se résume à la volonté du chef du parti islamiste [NDLR, Rached Ghannouchi] et dépend de son avenir.
Et de soutenir que la marge de l’action politique au sein d’Ennahdha s’est rétrécie assurant que cette action vise, désormais, à garantir le positionnement de certaines parties compte non tenu du contenu à accomplir, selon ses dires.
Rappelons que cent membres d’Ennahdha dont des membres du Conseil de la Choura et des députés ont adressé une correspondance à Rached Ghannouchi l’appelant à annoncer qu’il ne se portera pas candidat à la présidence du parti islamiste pour un nouveau mandat. Ils ont, par ailleurs, appelé à ne pas amender l’article 31 du règlement intérieur du mouvement.
Alors que certaines voix se sont élevées soutenant le chef de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) dans son éventuelle candidature, d’autres sont toujours attachées à la concrétisation du principe d’alternance démocratique.
Pour ces derniers, le maintien de Ghannouchi à la tête d’Ennahdha contribuait à la division et à l’éparpillement au sein du parti islamiste et conduira, certes, à plus de démissions du mouvement qui sera, désormais, affaibli.
Il est à noter que certains dirigeants au sein du parti islamiste, à l’instar de l’ex-ministre de la Santé, Imed Hammami et de Abdelhamid Jelassi qui a démissionné d’Ennahdha le 4 mars 2020, se sont opposés à la prorogation du mandat de Rached Ghannouchi à la tête d’Ennahdha.
Ils l’ont, en effet, appelé à déléguer ses fonctions et ouvrir des opportunités aux nouvelles générations nahdhaouies ayant jugé que le parti avait besoin d’un changement.
L’éventualité d’une duplicité relative aux discours de Ghannouchi en tant que chef d’Ennahdha mais aussi président du Parlement a, également, été dénoncée.
En décembre 2019, l’ancien ministre de la Santé, Abdellatif Mekki avait déclaré que Ghannouchi, en tant que président du Parlement, n’était plus « capable de consacrer du temps » pour ses fonctions à la tête du parti.
Il avait précisé que le règlement intérieur d’Ennahdha impose à son président d’être disponible pour l’exercice de ses fonctions « même s’il est faisable de cumuler les deux missions».
De son côté, l’ex-chef du gouvernement nahdhaoui, Ali Laârayedh avait affirmé, en juin 2020, qu’il faut prioriser les jeunes et les femmes au sein d’Ennahdha puisque la direction du parti a besoin de la jeune génération qu’il ne représentait pas.
Il avait, de surcroît, relevé l’importance de respecter le règlement intérieur du parti qui n’autorise pas un troisième mandat assurant que Rached Ghannouchi peut toujours continuer de contribuer au parti quelle que soit sa position.
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