L’Institut de Presse et de Sciences et de l’Information (IPSI), de l’université de la Manouba, a convié mardi 6 mai, ses étudiants à assister à une journée de réflexions et de débats sur l’économie des médias. Rassemblant de nombreux chercheurs et chercheuses, la faculté a organisé cette série de conférences « pour donner la possibilité à nos jeunes chercheurs, à nos doctorants, de se familiariser avec les questions économiques, et d’enrichir leurs travaux avec les concepts des écoles économiques », selon les mots de Sadok Hammami, directeur de l’IPSI.
Les médias, un secteur dépendant de l’économie
L’argent est le nerf de la guerre. Cet adage est particulièrement vrai pour les médias en Tunisie. Pour exister, la presse doit trouver des financements, et dépend de ce fait des versements des annonceurs. À ce titre, l’intervention du chercheur Maher El Kassab a permis de revenir sur les problèmes éthiques que posent les modèles traditionnels de financement des médias, mais également de mettre en avant des modèles alternatifs, fonctionnant davantage sur la collaboration et le financement participatif, à l’instar de Mediapart – média en ligne français reposant sur les dons de la communauté –.
« Les médias sont perçus comme un produit culturel, alors que c’est un produit qui peut être vu à travers l’angle économique, parce que l’économie influe sur la bonne marche de la presse. Aujourd’hui, parmi les grands problèmes de la presse tunisienne se trouvent des difficultés financières : on ne peut pas avancer si on ne regarde pas de ce côté-là », a ajouté Mohamed Gontara, ancien professeur à l’IPSI et chercheur dans le journalisme.
L’un des grands enjeux modernes de la presse est celui de la digitalisation et de l’usage des plateformes. Ainsi, l’IPSI a tenu à donner la parole à une spécialiste du sujet, en la personne de Souhir Lahiani, maîtresse-assistante à l’institut, et autrice d’une thèse sur les enjeux et défis relatifs à l’économie des médias en ligne : « La presse en ligne est omniprésente dans le paysage médiatique tunisien. Mais les nouveaux médias ont-ils les ressources nécessaires pour pouvoir survivre ? J’ai effectué un état des lieux de la recherche sur l’économie des médias, mais j’ai également évoqué les succès post-révolution de 2011, ainsi que les échecs. Les questions qui subsistent sont les suivantes : peut-on avoir un modèle économique viable face aux géants du web ? Et les rédactions tunisiennes peuvent-elles résister aux problèmes posés par l’intelligence artificielle générative, ou trouver un moyen de s’approprier cet outil ? », a-t-elle confié au micro de Réalités Online.