Par Foued Zaouche*
Le terrorisme frappe, nos soldats meurent… Comment en est-on arrivé là ? Comment a-t-on permis à cette idéologie de la haine de proliférer et de s’installer dans notre pays en pervertissant notre jeunesse et en l’égarant ? Tout cela s’est fait sous nos yeux et depuis plus d’un an et demi nous dénonçons l’avancée de ces propagandes d’exclusion, de ces mosquées qui propagent des idéologies extrémistes, des prédicateurs étrangers qui viennent se pavaner dans notre pays avec des prêches d’un autre âge et se voient accueillis avec tous les honneurs.
Qui est responsable si ce n’est le laxisme inadmissible et incompréhensible d’un pouvoir incohérent qui n’a lui-même pas de ligne claire quant à la répression ferme et inébranlable de cette idéologie terrorisante ? Et jusqu’à ce jour ce pouvoir ne parvient pas dans les actes à mener la guerre sans merci qu’il faut contre cet extrémisme destructeur, parce qu’il est incapable de définir sa ligne politique. Double langage, ambiguïtés face à un Islam qui se définit comme djihadiste ou simplement comme non démocratique et qui prône un califat utopique. Ennahdha ne parvient pas à établir une vision nette et claire du processus démocratique qui engage à la neutralité de l’État quant au religieux ou, pour le dire plus précisément, à définir son attitude face à la laïcité qui est la condition incontournable si l’on veut parler d’une véritable démocratie. Toutes ces tergiversations prouvent la pauvreté de sa vision politique enfermée dans un schéma illusoire et simpliste. Ce parti ne peut se prévaloir que de sa ruse politique et de sa faculté à corrompre les esprits faibles.
Une majorité aux abois, car sa soif de pouvoir l’amène à prendre des initiatives scandaleuses comme cette loi «d’immunisation de la Révolution» qu’elle veut incessamment présenter au Parlement pour éliminer ses principaux concurrents. Ce ne sont que des calculs politiciens sordides utilisant le concept de révolution pour accomplir des basses œuvres par le biais de ces ligues qui se sont dénommées «ligues pour la protection de la Révolution» et qui ne sont que des milices au service du pouvoir en place à l’instar de celles qui existent dans les pays fascistes où la crainte est le seul mode de gouvernance. Ces milices clament haut et fort qu’elle perturberont le jeu électoral et tout cela dans l’impunité la plus totale.
En premier lieu, la Révolution appartient au peuple dans son ensemble et c’est à ce dernier et à lui seul de décider qui exclure du jeu politique. Cette majorité provisoire du parti Ennahdha, qui rassemble 17% du collège électoral, dans son ensemble n’a nullement le droit d’édicter des lois d’exclusion, car cela serait priver le peuple de son droit d’expression. Plus cette majorité persiste dans son projet d’exclusion, plus elle prouve son échec. C’est parce qu’elle a lamentablement échoué dans la gestion du pays qu’elle trouve là le seul moyen pour conserver le pouvoir, en éliminant son principal concurrent capable de la menacer. Le pays est dans une telle détresse que cette majorité aux abois insiste pour inscrire à l’ordre du jour cette loi d’exclusion alors que la priorité des priorités est de finaliser cette Constitution qui a tant tardé, de créer l’Isie, d’établir un code électoral, de lancer des actions qui sont dans l’intérêt du pays et non dans l’intérêt de partis qui s’acharnent à ruser et à tromper l’opinion publique.
Oui, tromper, car qui peut imaginer que l’ ancien RCD puisse reprendre le pouvoir avec les mêmes méthodes, mettre fin à la démocratie naissante, à la liberté d’expression, à l’égalité des droits, etc. ? Qui peut le penser, sinon des politiciens sans scrupules qui cherchent à abuser leur peuple en lui faisant croire que cela est possible. De plus, toutes les projections estiment que le parti Ennahdha obtiendrait entre 20 et 25% des voix, ce qui laisse supposer qu’il existera dans notre paysage politique futur en tant que force conservatrice installée dans le temps qui rassemblerait un quart de la population. Ce fait à lui seul nous préserve à présent de toute dictature nouvelle.
Une seule chose nous menace, c’est l’islamisme politique qui ne reconnaît pas le principe démocratique et qui considère que la volonté de Dieu doit primer sur celle du peuple dans la gestion de la vie de la cité. La volonté de Dieu, entendue par ces gens, comme l’expression de leur propre volonté et qui pérorent au nom de Dieu avec une emphase ridicule qui n’impressionne que les plus faibles, une emphase de camelot pour attirer le chaland, quelle tristesse de voir notre si belle religion réduite à cela !
Un pouvoir qui rend fou et notre classe politique, qui à part quelques figures éminentes est composée de petits boutiquiers qui défendent bec et ongles leur petit commerce. Des petites marionnettes qui s’agitent à la chaleur du pouvoir et dont certaines, comme des lucioles éphémères, se brûlent en voulant poursuivre leur délire pour certains, présidentiel. Le pouvoir, ses dorures, ses privilèges qui tourne les têtes et qui pousse à toutes les compromissions… Quel affligeant spectacle parfois que celui de la nature humaine lorsqu’elle est le jouet de ses propres passions.
*Artiste-peintre et portraitiste
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