Une mémoire qui chante !

Mais où sont partis tous ceux qui ne sont pas venus ce soir-là dans ce lieu idyllique du Palais Ennajma Ezzahra, pour apprécier et déguster «Si je te garde dans mes cheveux» ? Un précieux documentaire qui nous a permis de voyager  autour de quelques rares musiciennes passionnées parmi lesquelles notre Amina Srarfi nationale qui  nous a confié tristement «J’aurais aimé voir plus de monde… C’est dommage qu’un film de cette importance, réalisé par une réalisatrice française et qui montre comment la femme artiste arabe pense… réfléchit… bataille… travaille… ose… produit… dirige… compose…dans le monde de la musique qui repose le plus souvent sur la gent masculine n’ait pas reçu l’accueil qu’il fallait… Une communication sans doute défaillante conséquente du fait que cet événement n’eût pas été produit par Ennajma Ezzahra ?». La présence de la réalisatrice du film, Jacqueline Caux, a accentué la magie de la soirée qui a commencé par l’écoute d’un extrait d’une émission radio de feu Daniel Caux (époux de la réalisatrice) journaliste et grand musicologue, qui parlait de la musique arabe. Une introduction fabuleuse au documentaire autour des chanteuses et musiciennes arabes de notre temps. Pas n’importe lesquelles : ce sont celles qui ont cassé les tabous, bravé les obstacles pour s’affirmer tout en mettant en valeur leur art dans des sociétés machistes du Maghreb et du Machrek. Il s’agit de Hadda Ouakki, la puriste du «Ouroubi» marcocain, de l’exceptionnelle Om kalthoum, de Waed Bouhassen et Kamilia Joubran les exilées de Syrie et de Palestine. Le générique de début nous montre Amina Srarfi jouant de son violon sur la scène du Théâtre municipal de Tunis, sans public. Puis vient le tour de la montrer autour de la troupe qu’elle a créée «El Azifet», première troupe de femmes musiciennes dans le monde arabe.

Amina y parle dans un français éloquent de son parcours musical aux côtés de son père le musicien, compositeur et chef d’orchestre de la Rachidia : Kaddour Srarfi.

Des extraits du Malouf tunisien chantés par «El Azifet» et la réalisatrice axent les gros plans sur les visages, les rues de Tunis au quotidien, avec seulement le son des ambiances prises sur le vif. 

Des clins d’œil apparaissent avec un graffiti sur «Femen Tunisie», là où une autre Amina brise dans un autre sens les interdits et les pressions pour s’inscrire dans ce mouvement international. Une soirée aussi exquise qu’enrichissante et des témoignages embaumant les cœurs et les esprits comme le confirme encore une fois Amina Srarfi  qui nous confie son ressenti «Des témoignages très convaincants, montrant une musicienne qui a un background et une grande connaissance de son métier. La réalisatrice a su si bien mettre en évidence mon amour pour la musique qu’une spectatrice lui a dit après la première projection qui a eu lieu à Paris au Palais Chaillot :»cette dame est vraiment une femme musicienne»… C’est merveilleux n’est-ce pas?  J’ai également beaucoup aimé mon témoignage sur Oum kolthoum et je crois que cela a causé une petite jalousie chez certains … musicologues … et c’est tant mieux.»

La fille du célèbre Kaddour Srarfi,  continue à militer pour une musique de qualité, elle  n’a toujours pas oublié le jour où elle venait  d’obtenir le premier prix de violon au Conservatoire de Tunis. Son père lui avait offert… l’un de ses violons personnels. La  musicienne ne se séparera plus de cet instrument. « C’est plus qu’un violon  que père m’a laissé, c’est un testament !» 

 Nadia Ayadi  

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