Une première depuis 2011 : les réserves en devises à 133 jours d’importation, mais prudence

Depuis 2011, les indicateurs macroéconomiques de la Tunisie ont connu une dégringolade inédite et on a eu beaucoup de mal à rebondir au fil des années après la Révolution. Pour la première fois depuis mars 2020, les réserves en devises de la Tunisie ont atteint, le jeudi 7 mai 2020, 133 jours d’importation, ce qui équivaut à 21,562 milliards de dinars. C’est ce qui ressort des données publiées par la Banque Centrale de Tunisie (BCT). Nous sommes, de ce fait, loin des tristes records des 70 jours d’importations atteint en 2017, sachant que le seuil minimum est 90 jours d’importation.
Au niveau du marché des changes, le dinars tunisien est, une fois encore, resté stable face aux monnaies des principaux partenaires économiques de la Tunisie : 3,14 dinars pour 1 euro et 2,9 dinars pour 1 dollar (7 mai 2020). Il faut dire que les nombreux crédits contractés par la Tunisie ont fini par avoir leurs effets. Il y a eu, tout d’abord, les 745 millions de dollars du Fonds Monétaire International (FMI). Suivis des 600 millions d’euros de l’Union Européenne (UE). Récemment, l’État a sollicité 12 banques de la place pour emprunter 257 millions d’euros, soit 1,180 milliard de dinars.

Une joie de courte durée
Cela en fait de l’argent, beaucoup d’argent même. Il convient, à présent, de faire le suivi du déploiement de ces sommes astronomiques. Il faut aussi rappeler que de nombreux observateurs ont souligné la fragilité de cette hausse des réserves en devises. En effet, elle provient essentiellement des crédits contractés par la Tunisie. Un jour ou l’autre, le remboursement va démarrer et il sera effectué en devises. Malheureusement, à l’heure actuelle, la Tunisie ne dispose pas des leviers nécessaires pour faire face à cette situation future. Ses exportations, à cause de la crise sanitaire, sont presque à l’arrêt. Les IDE (Investissements Directs Étrangers), pour leur part, sont en berne comme l’a souligné l’Agence de Promotion de l’Investissement (API). Or, il s’agit des principaux moteurs rapporteurs de devises qui permettraient d’assurer le levier nécessaire lorsque nous commencerons à rembourser ces dettes astronomiques en devises. La joie est donc de courte durée. Il faut, certes, sortir de la crise actuelle, mais sans nous plonger dans une crise encore plus difficile.

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