Après le Maroc le mois dernier et avant l’Algérie prochainement, le ministre français de l’Intérieur s’est rendu vendredi 6 novembre en Tunisie où il a rencontré le président et le chef du gouvernement. Cette visite prévue de longue date a pris un relief particulier après l’attentat du 29 octobre en la basilique de Nice perpétré par un ressortissant tunisien.
Un Tunisien radicalisé a déjà été renvoyé cette semaine. Et Tunis s’engage d’ici quelques jours, une fois les vérifications faites, à en accepter sur son sol une vingtaine d’autres qui ont purgé leurs peines de prison. Une quarantaine de Tunisiens radicalisés devraient suivre le même chemin une fois libérés ou les recours épuisés. M. Darmanin a présenté lors de sa visite une liste de ressortissants tunisiens en situation irrégulière en France et soupçonnés d’être radicalisés, une démarche qu’il compte répéter dimanche en Algérie, après avoir fait la même chose au Maroc en octobre, selon son entourage.
La Tunisie est « prête à recevoir n’importe quel Tunisien », a indiqué à la presse le ministre tunisien de l’Intérieur Taoufik Charfeddine, après un entretien avec son homologue français. « Mais cela doit se faire selon les conditions et règlements » prévus par le droit international et en « préservant la dignité du Tunisien », a-t-il ajouté.
La présidence tunisienne a également indiqué que les autorités allaient « essayer de trouver une solution aux obstacles » en matière d’expulsion, après une rencontre entre M. Darmanin et le président Kais Saied.
Des retours qui suscitent néanmoins des inquiétudes quant à la capacité de surveillance des autorités locales de ces ressortissants dangereux une fois rentrés au pays.
La France demande également à la Tunisie d’accorder davantage de laisser-passer consulaires, document indispensable pour les reconduite à la frontière de toute personne en situation illégale. Actuellement, les services tunisiens répondent favorablement dans 55% des cas, davantage que le Maroc ou l’Algérie.
Le second volet de la visite a porté sur la lutte contre l’immigration clandestine. Depuis le début de l’année, 1000 personnes par mois ont traversé la Méditerranée de manière illégale au départ des côtes tunisiennes. Paris vient ainsi d’octroyer une enveloppe de 10 millions d’euros afin que le pays puisse mieux contrôler ses frontières. En matière de partage d’informations confidentielles, notons simplement la présence dans la délégation de hauts représentants du renseignements français.
Cette visite de Gérald Darmanin, quelques jours après celle de son collègue des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, veut s’inscrire selon Paris dans une volonté de soutenir l’effort de stabilisation du pays.
(RFI, avec AFP)