Une Révolution ne s’invite pas, c’est le peuple qui la décide 

« Vous le dites à moi, mais une révolution ne s’invite pas, c’est le peuple qui la décide » déclarait Emmanuel Macron il y a quelques mois lors de sa visite au Liban après la catastrophe de l’explosion du nitrate d’ammonium, c’était lors d’un point presse, le Président français a été interrogé sur la légitimité du pouvoir en place, la journaliste demandant au chef de l’Etat s’il invitait le peuple libanais à une révolution?
Le Président Français a invité effectivement les libanais à faire leur révolution à laquelle il apportera son soutien, et que le temps de changer, c’est maintenant pour passer à l’action collective après ce chaos et l’incertitude créée par l’inconnu.

Une révolution pour rien?
Aujourd’hui chez nous un pessimisme ambiant et une tendance actuelle à penser qu’aucun changement n’est plus possible, que les gens n’ont aucune prise sur rien et que la révolution est donc hors de propos et pas d’actualité car les conditions au déclenchement de l’insurrection ne sont pas réunies les gens seraient dépolitisés, et aucun parti n’est prêt à encadrer et mener la révolte.
Ce n’est certainement pas un haut degré de conscience politique qui déclenche le plus souvent l’insurrection mais la colère, la faim et le sentiment que la situation n’est plus acceptable et que cela ne peut plus durer.
Poser alors comme préalable nécessaire le fait d’avoir une force ou un parti suffisamment structuré pour impulser et diriger l’insurrection est loin d’être réaliste, en effet lancer une révolution sans bagage politique, et sans parti pour éclairer les masses serait tout à fait possible.
Le pessimisme ambiant peut être une cause de cette inertie, peut aider à comprendre, mais ne semble pas être suffisant pour expliquer l’absence de mise en mouvement insurrectionnelle où se situe alors le point de colère et de faim qui peut faire basculer un ordre établi ?
L’élément déclencheur du processus révolutionnaire est la relation des citoyens avec l’État en crise et dans l’incapacité de jouer le rôle qu’il prétend ou devrait assumer ou que les citoyens lui accordent et qu’il faut donc « jouer à sa place ».
Cela joue aussi pour l’entreprise quand le marché ou le taux de profit impose des licenciements ou la fermeture.
L’État ou l’entreprise sont perçus comme incapables de résoudre les problèmes, c’est le constat de l’incompétence et de l’urgence que surgissent des réponses qui cherchent à remplacer l’État ou l’Entreprise.
En mars, alors que la crise sanitaire mondiale s’invite en Tunisie et rend le quotidien des citoyens insupportable, débute une lente descente aux enfers pour la première fois de l’histoire du pays.
Aujourd’hui, dix ans jour pour jour que la révolution a eu lieu, ce temps est une fois de plus l’arme principale de ces politiques pour jouer sur la fatigue sociale, la désunion et le déficit organisationnel des forces ayant émergé à la faveur de la « Thawra » qui demeure la ligne directrice des principaux partis, déclinée en différentes stratégies.
Si la flamme ne s’est pas éteinte, il reste cependant à réinventer l’acte 2 de la révolution. Un devoir d’unité face au système d’organisation du projet de société, ainsi que l’établissement d’un cahier des charges précis et réalisable, constituent les conditions sine qua non de cette réinvention.
Dix ans et plusieurs catastrophes plus tard, rien n’a changé la Tunisie traverse la pire crise économique de son histoire.
Rien ne va plus ! Les chiffres sont là pour exiger le changement…
Jamais la Tunisie n’aura été aussi morose. Jamais la situation sociale et économique n’aura été aussi catastrophique et ce qui est en train d’être fait ne peut qu’aggraver la note.
Aujourd’hui tous les voyants économiques de la Tunisie sont au rouge, il suffirait d’en citer le plus simple à retenir pour tout comprendre, les dépenses publiques dépassent aujourd’hui 46% du budget un chiffre qui nous laisse désespéré.
L’heure est vraiment grave, il n’y a plus lieu à se taire.

*M.K Architecte

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