Une urgence :Développer les zones frontalières

Il faut rendre hommage aux martyrs tombés sur le champ d’honneur et aux victimes du terrorisme aveugle qui a frappé encore une fois à Ben Guerdane et féliciter forces de l’ordre et armée nationale qui ont concrétisé cette victoire retentissante sur l’obscurantisme et l’anarchie.

Il y a lieu ensuite de tirer une leçon pour l’avenir : favoriser le développement des zones frontalières pour éviter qu’elles soient des foyers de floraison des cellules terroristes dormantes.

Les zones frontalières dans le monde ont toujours été  des zones sensibles sur le plan politique et sécuritaire, perturbées sur le plan social, pauvres et sous-développées sur le plan économique.

En effet, leur position est défavorable : continentale et confinée, éloignée des régions côtières et portuaires, c’est à dire des courants commerciaux et des flux d’échanges générateurs de valeur ajoutée, de transformation industrielle, de création d’emplois et de richesses.

Vivant à cheval sur deux pays, les populations frontalières cherchent souvent à tirer profit des avantages comparatifs qui leur sont offerts par les conditions de vie dans les deux pays. Cela peut être légitime lorsqu’il s’agit de loger d’un côté de la frontière et de travailler de l’autre côté selon le système des migrations quotidiennes par exemple.

Cela peut-être toléré lorsqu’il s’agit d’un commerce légal portant sur des denrées autorisées avec paiement de droits de douane et de taxes diverses, comme les produits agro-alimentaires ou encore les articles textiles.

Mais à partir du moment où le commerce devient de la contrebande pure et porte sur des articles nocifs et prohibés comme la drogue, le carburant et le tabac pour en arriver jusqu’au trafic d’armes, la situation devient catastrophique jusqu’à l’explosion.

Là-dessus est venu se greffer le terrorisme qui a trouvé dans la pauvreté, le chômage, l’ignorance et l’extrémisme l’absence de perspectives d’avenir et le manque de ressources, un terreau pour prospérer.

Il faut dire que les pouvoirs publics n’ont pas veillé depuis des décennies à mettre en valeur ces régions, à investir dans les infrastructures de base, à implanter des projets de développement, à créer des emplois. Ni à favoriser la mise en place de services publics socio-collectifs corrects au profit de la population et encore moins offrir à la population des conditions de vie décentes, alors que la nature est particulièrement ingrate dans ces zones.

Cependant rien de tout cela ne justifie la contrebande et encore moins le terrorisme.

Il faut se rendre à l’évidence : l’Etat peut et doit procéder en urgence au développement de ces régions. Il doit émettre des signaux forts vis-à-vis de la population et veiller à implanter de nouveaux projets, à créer de nouvelles ressources et des emplois massifs pour les jeunes et les moins jeunes.

Cela peut et doit prendre diverses formes et modèles pour produire une efficacité maximale. Création de périmètres publics irrigués à partir de sondages profonds, car il y a une nappe profonde généreuse en eau dans le sud tunisien susceptible d’irriguer des milliers d’hectares et de créer des dizaines de milliers d’emplois pour les jeunes.

Rien ne vaut la culture de la terre pour attacher au sol la population.

L’Etat doit multiplier les centres de formation professionnelle pour doter les jeunes en rupture de scolarité, de compétences leur permettant de s’intégrer dans le monde du travail. C’est l’oisiveté et le chômage qui préparent le berceau du terrorisme aveugle.

Implantation d’usines et de projets industriels agroalimentaires étatiques permettant de valoriser sur place les produits agricoles destinés à l’exportation, ce qui permet d’injecter de la valeur ajoutée et de créer des emplois tout en dynamisant la vie économique régionale.

Des incitations fiscales et financières spécifiques sont à accorder aux investisseurs privés pour implanter des projets : matériaux de construction, textile-habillement, cuir-chassures,…

La zone franche de Ben Guerdane a fait l’objet d’une étude de faisabilité concluante depuis près de deux ans mais malheureusement n’a pas encore fait l’objet d’une mesure décisive des pouvoirs publics alors que le coût de l’investissement à la charge du Budget de l’Etat est relativement modeste : 40 millions de dinars.

Il y a lieu de prévoir un espace global de 150 ha, avec en première étape l’exploitation de 60 ha.

Il s’agit d’une zone franche à vocation logistique et commerciale, dotée de services administratifs, financiers et douaniers appropriés susceptibles de créer 3.000 emplois permanents dans un premier temps et d’animer l’économie de la région.

L’opération consiste à focaliser et attirer investisseurs privés, activités commerciales et logistiques en relation avec la proximité de la frontière libyenne. Cette plate-forme économique est susceptible d’attirer par la suite des activités de transformation industrielle.

La zone  aura plusieurs composantes : une zone de plein-air pour la logistique des containers, une zone couverte pour l’entreposage des denrées non périssables et des entrepôts frigorifiques.

Un centre commercial free-shop, des agences bancaires, des boutiques ainsi que des locaux de restauration et des services socio-collectifs et une polyclinique.

Des services douaniers et administratifs. Un grand hall d’exposition-vente permanent.

Les points de passage très fréquentés entre la Tunisie et l’Algérie méritent également des zones franches.

L’objectif consiste à réduire la contrebande et à créer des activités économiques pour donner de l’espoir aux jeunes et couper l’herbe sous les pieds des apprentis terroristes.

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