Le mouvement Nidaa Tounes est capable de rassembler tous les Tunisiens, affirment ses dirigeants. Pourtant, les dissidences en son sein et les démissions qui se succèdent reflètent l’état d’un parti fragmenté, en quête de cohésion entre ses différents courants. La tenue du congrès est impossible en l’état et les structures du parti ne sont toujours pas définitives. C’est ainsi que la commission chargée des structures a été dissoute la semaine passée…
Selon le Secrétaire général de Nidaa Tounes, Taïeb Baccouche, la commission a été dissoute après avoir achevé ses travaux. La structure administrative classique du parti prend le relais puisque les structures sont désormais fixées. Taïeb Baccouche souligne que Hafedh Caïed Essebsi n’a pas été destitué ni promu au sein du comité central. Ses déclarations viennent d’un côté démentir celles qui voient dans l’affaire une éviction et, d’un autre côté, nier l’existence de différends ayant abouti à la dissolution de la commission. Spéculations ?
Dans le registre des déclarations faites et démenties par Nidaa Tounes, on note celle de Tahar Ben H’ssine, ancien membre du comité exécutif dans laquelle il a évoqué l’inexistence de la démocratie au sein de Nidaa Tounes. Il a par ailleurs prédit, avant sa démission, l’éclatement du mouvement à cause de la stratégie des nominations pour les postes de responsabilité.
Nidaa Tounes est le parti qui compte le plus de courants en son sein : droite destourienne, bourguibistes, Rcdistes, libéraux, la gauche dans toute sa mosaïque, syndicalistes, socialistes, panarabistes. Il compte des adhérents un peu partout en Tunisie, dans les milieux aisés des banlieues huppées de Tunis jusque dans les régions les plus reculées et marginalisées.
Depuis sa naissance, le mouvement se voulait rassembleur de tous les Tunisiens et il est alors normal que ses tendances soient multiples, mais il est-il logique que les dissidences et les différends soient aussi débridés ? Tenir des élections pour désigner des responsables des structures du mouvement pourrait apaiser les esprits et redonner confiance aux membres et adhérents concernant une vraie démocratie interne et une légitimité pour les membres dirigeants. Mais il semblerait que leur tenue ne soit pas une tâche aisée. Or comment peut-on présenter des listes nationales sans que les responsables internes n’aient été choisis via le suffrage ?
Hafedh Caïd Essebsi a tenté quant à lui de proposer une solution, «il serait déjà plus approprié, pour limiter les frustrations et les tensions entre les différentes sensibilités politiques existantes à Nidaa Tounes, de commencer par l’élection des membres du «comité de direction», et ce, directement par le «Conseil national».»
« Le bateau du sauvetage ne coulera pas »
Mais même si les esprits se calmaient grâce à une telle solution, les alliances potentielles à établir lors des élections tunisiennes pourraient également nourrir les différends entre les courants existants à ce sujet. Des membres de Nidaa Tounes réclament également la constitution de listes indépendantes des autres partis dont la priorité serait donnée aux militants du mouvement, ce qui est impossible lors d’alliances exigeant du moins des listes mixtes.
Pour le moment, le mouvement connait une baisse dans les sondages. Au mois d’avril, l’institut de sondage Emrhod a relevé une régression de 1,3% dans les intentions de vote. Ainsi, Nidaa Tounes passe à 23% contre 25.7% pour le mois de mars. Le chef de file, Béji Caïd Essebsi, continue quant à lui à être en tête des sondages avec 19.7%.
Pour beaucoup de Tunisiens, malgré les dissidences, les démissions et les déclarations contradictoires, Béji Caïd Essebsi et derrière lui Nidaa Tounes sont toujours une perspective d’avenir politique pour le pays. Et même si quelques fissures apparaissent au sein du parti, son image extérieure est loin d’être ébranlée. D’ailleurs, Mondher Belhaj Ali, l’un des dirigeants, le souligne, «c’est une citadelle dont les murs ne seront jamais secoués (…) le bateau du sauvetage de tous les Tunisiens ne coulera pas». Il ne manquera pas, au passage, d’accuser les médias d’amplifier les différends au sein du parti…
H.A.