Urgences économiques et priorités sociales

Un gouvernement qui n’arrive pas à résoudre des conflits sociaux à répétition, comme ceux des enseignants et des médecins internes qui paralysent des secteurs aussi vitaux que ceux de l’éducation et de la santé, un gouvernement qui n’est pas en mesure de circonscrire la crise socio-économique du bassin minier et qui a réduit une compagnie prospère en une entreprise en faillite potentielle, est incapable de gouverner et devrait partir par sa propre volonté.
Mais voilà, cela confirmerait le seul « défaut qui nous manquait » ces derniers mois, celui de l’instabilité politique, au moment où nous en avons le plus besoin. Cela ruinerait le seul atout qui nous a permis de survivre depuis sept ans : la confiance et le soutien de nos partenaires stratégiques extérieurs comme l’Union européenne et les bailleurs de fonds internationaux comme la BID, la BEI, la BAD, la BERD, le FMI, la BIRD et le FADES.
Notre pays est au creux de la vague sur tous les plans, il a besoin d’un rebond salvateur pour remonter la pente. Nous sommes à la veille d’un plan d’action et d’une feuille de route. Car il y a un déficit flagrant et scandaleux d’action de la part du pouvoir exécutif, il y a consensus sur les grandes réformes structurelles entre les partis politiques au pouvoir, mais le gouvernement fait preuve d’un manque de volonté pour passer à la concrétisation. Il y a en quelque sorte des scrupules à réaliser des transformations par crainte des réactions des lobbies.
C’est en fait un mélange d’incompétence, d’inexpérience et de manque de savoir-faire.
Les priorités ne manquent pas et encore plus les urgences. En effet, les caisses de l’Etat sont vides puisque la Trésorerie générale emprunte aux banques publiques pour assurer les salaires de la fonction publique et les retraites du mois de mars.

Il faut donc les remplir. Pourquoi recourir aux levées de fonds à l’étranger si coûteuses à cause des notations souveraines déplorables ? Puisons dans nos propres ressources : infractions douanières qui ont débouché sur des condamnations financières, redressements fiscaux qui ont abouti à des sanctions, barons de la contrebande qui blanchissent des gains illicites et mirifiques, évasions fiscales des forfaitaires notoires…
Les infractions de change peuvent faire l’objet d’amnisties habiles : rapatriement des fonds sans peine de prison, moyennant une pénalité de 20% par exemple.
Il y a un train de vie luxueux dans la haute administration et dans les rouages du gouvernement et des institutions de l’Etat, tolérable lorsqu’il y a prospérité économique mais interdit lorsqu’il y a pénurie. Instaurons l’austérité, en attendant des jours meilleurs.
Des économies sont indispensables : frais de missions à l’étranger, bons d’essence généreux, voitures rutilantes, réceptions fastueuses, primes confortables, autres avantages en nature…
Il faut se rendre à l’évidence qu’il y a lieu d’arrêter pendant deux ou trois ans les augmentations salariales “gratuites” sans gains de productivité dans la fonction publique, pour donner un coup de frein à l’inflation galopante. Sinon, c’est le krach.
Nous devons donner de l’espoir aux zones de pauvreté et aux régions défavorisées où les attentes des populations ne sont pas satisfaites. Les bailleurs de fonds ont remarqué que l’administration tunisienne a beaucoup perdu de sa “capacité de consommation des crédits extérieurs”. En clair, les financements extérieurs sont là mais les projets n’avancent pas. En attendant, le chômage est en hausse.
Exemple : La BAD, la BEI… ont accordé depuis 5-6 ans des crédits importants pour la construction de routes, de barrages, d’usines, mais les dossiers d’études et d’appels d’offres ne sont pas prêts et donc les décaissements sont au point mort.
Il faut absolument mobiliser et motiver les cadres de l’administration centrale et régionale pour faire en sorte que les projets régionaux soient réalisés à un taux supérieur aux 50% enregistrés depuis six ans, surtout que les crédits sont disponibles.
Le processus de développement régional est au point mort depuis sept ans, alors que chaque gouvernorat devrait avoir son propre plan de développement avec des implantations d’entreprises économiques privées, et des créations d’emplois.
Le gouvernement a le droit de tempérer la fièvre revendicative qui sévit chez les salariés et les fonctionnaires, celle des augmentations salariales.
Pour cela, il a le devoir de freiner l’inflation galopante par une campagne active et sévère de lutte contre les spéculateurs et fraudeurs qui procèdent à des hausses abusives.
Les escroqueries, fraudes et autres tricheries pullulent dans les circuits commerciaux illégaux et illicites. Elles méritent des sanctions sévères grâce à des contrôles fréquents et des inspections efficaces.
La balance des paiements extérieurs bat de l’aile sous nos yeux. Nous devons la sauver du naufrage, mais comment ? Surtout que l’enjeu est de taille : sauver ce qui reste de la faible valeur du dinar. Un coup de frein s’impose pour les importations de produits de luxe, coûteux, inutiles et qui concurrencent les produits locaux.
Il est grand temps d’engager le sauvetage des entreprises publiques avant qu’il ne soit trop tard, car ces entreprises coûtent cher au budget de l’Etat. Leur situation financière se dégrade sensiblement, et la qualité des services en pâtit.
L’Etat n’a pas les moyens d’investir, c’est pourquoi une privatisation partielle et habile est nécessaire, outre la restructuration.     

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