Dans un communiqué publié, jeudi 2 juin, sur la page officielle de l’ambassade US en Tunisie, le porte-parole du Département d'État américain, Ned Price, a considéré que « le décret présidentiel du 1er juin portant sur la révocation de 57 juges et modifiant les règles régissant le Conseil supérieur provisoire de la magistrature suit une série alarmante de mesures ayant sapé les institutions démocratiques indépendantes de la Tunisie ».
Et du responsable américain d’ajouter : « Nous avons constamment avisé les responsables tunisiens de l‘importance de préserver les règlements et les équilibres dans un système démocratique. Nous continuons également à exhorter le gouvernement tunisien à adopter un processus de réforme inclusif et transparent profitant ainsi de la contribution de la société civile et de divers composants du paysage politique afin de renforcer la légitimité des efforts entrepris pour la réforme ».
Cette intervention n'est pas la première du genre, chose qui n’a cessé de susciter l’ire d’une grande partie de Tunisiens qui rejettent une ingérence américaine dans les affaires interne de la Tunisie.
Faut-il rappeler que la disposition que le président a fini par entreprendre en écartant 57 juges accusés de corruption et de divers crimes et délits tels que l’ancien premier président de la Cour de cassation Taïeb Rached, l’ancien procureur de la République Béchir Akremi, l’ancien substitut du procureur de la République Sofiene Sliti et l’ancien président du CSM Youssef Bouzakher a provoqué provoqué un tollé général au sein du corps de la magistrature.
Les représentants de la profession dont notamment l’Association des magistrats tunisiens (AMT) ont considéré cette décision comme « massacre judiciaire » perpétré pour que le président de la République puisse nommer «ceux qui travailleront sous ses instructions et celles de la ministre de la Justice», d’après un communiqué publié par l’ATM en réponse à la décision présidentielle.
Faut-il rappeler également que la confrontation entre le Chef de l’État et le corps judiciaire s’est déclenchée suite au gel du CSM, dans un premier temps, puis à sa dissolution dans la nuit du 5 au 6 février 2022. Une décision qui a été jugée « abusive », alors que pour certains juristes il s’agissait « d’un passage obligé pour sauver les meubles et rétablir la situation ».
M.A.B. Sghaïer