Vaccination: « plus le temps d’attendre », selon l’Académie française de médecine

Le gouvernement français assure que l’objectif de 15 à 20 millions de personnes vaccinées contre le Covid-19 d’ici mi-2021 sera tenu. Mais l’Académie de médecine, tout comme l’opposition, montre du doigt un démarrage beaucoup trop lent.
L’objectif de 15 à 20 millions de Français vaccinés à la fin du premier semestre sera tenu, a assuré jeudi le député LREM Roland Lescure, alors que des scientifiques et élus de tous bords critiquent la lenteur du déploiement de la campagne vaccinale. A l’unisson du gouvernement, le député de la majorité a assumé sur France 2 ce lancement qui se fait « lentement » : il permet selon lui de « s’assurer que la chaîne logistique est bien rodée » et de « rassurer tout le monde » sur l’innocuité des vaccins, alors que la défiance est particulièrement forte en France.
« Ce qu’il ne faut pas rater, c’est la montée en puissance. On est rentré dans un marathon: on ne juge pas de la qualité d’un marathon après 1 km de course. Dès la semaine prochaine on va accélérer, fin janvier début février des centaines de milliers de Français seront vaccinés », a assuré Roland Lescure, par ailleurs président de la commission des Affaires économiques de l’assemblée nationale. « L’objectif de 15 à 20 millions de Français vaccinés au premier semestre, non seulement c’est tenable mais on va le tenir. »
*Un million de personnes à risque vaccinées fin février
Le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal a assuré mercredi que l’objectif de vacciner un million de personnes à risques d’ici la fin février « sera tenu », et le professeur Alain Fischer, le « monsieur vaccin » nommé par le gouvernement, a qualifié les critiques de « fausse querelle » en invitant à se projeter « dans quelques semaines » pour juger des avancées.
« Nous n’avons pas pris de retard » par rapport au plan prévu et la campagne va « accélérer », a insisté le secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes Clément Beaune jeudi sur LCI, en assurant qu' »il n’y a pas de pénurie de doses »: la France en a « reçu le même nombre proportionnellement à la population que l’Allemagne donc il n’y a aucun décrochage ».
*Des critiques de l’opposition face à une vaccination trop lente
Ces derniers jours, les critiques ont fusé contre le gouvernement français alors que l’Allemagne a déjà vacciné 78.000 personnes, l’Italie 8.300 et la France moins de 200. Le président des députés LR Damien Abad et le député LR Eric Ciotti ont demandé mercredi l’audition en « urgence » du ministre de la Santé Olivier Véran sur la stratégie de vaccination de la France qui fait à leurs yeux « figure de bonnet d’âne » en Europe.
A gauche, Valérie Rabault, présidente du groupe PS à l’Assemblée nationale, a réclamé dans un entretien à L’Obs mercredi que le gouvernement publie « dans le point sanitaire quotidien le nombre de vaccinations effectuées par département », une « transparence indispensable ». Elle appelle aussi à faire vacciner « davantage de soignants plus rapidement », et à mettre en place une stratégie de communication donnant une « vision positive » de la vaccination.
*Des précautions excessives selon l’Académie de médecine
« Il n’est plus temps d’attendre »: l’Académie nationale française de médecine a regretté jeudi le démarrage « très lent » de la campagne de vaccination contre le Covid-19, jugeant les précautions prises « excessives ». L’Académie note une mise en oeuvre « progressive » de la campagne qui a commencé dimanche dans les Ehpad, en raison du processus de recueil du consentement, de la recherche d’éventuelles contre-indications chez une population fragile et du maintien du patient en observation 15 minutes après l’injection.
« Cette extrême prudence est assumée par les autorités sanitaires qui écartent la possibilité de simplifier ces procédures pendant la phase préliminaire. Elle est sanctionnée par un démarrage très lent du programme », ajoute-t-elle dans un communiqué, estimant « le premier bilan (100 personnes vaccinées en 3 jours) difficile à défendre » en comparaison d’autres pays européens. « Adoptées pour rassurer une opinion publique gagnée par l’hésitation, ces précautions excessives risquent de susciter a contrario une incompréhension croissante vis-à-vis d’une campagne dont le coup d’envoi semble manquer de détermination. La France déplore plus de 64.000 décès par Covid-19, dont près d’un tiers dans la population à haut risque qui doit être vaccinée au cours des huit prochaines semaines. Face à ce constat, la campagne nationale d’immunisation doit être exemplaire dans un pays qui a tant contribué à l’élimination des maladies infectieuses par la vaccination ».
L’Académie recommande ainsi de « simplifier et raccourcir autant que possible les procédures de vaccination dans les Ehpad ». Elle plaide également pour que la première phase de vaccination soit déployée « en priorité » dans les départements les plus touchés et pour la « transparence » de l’état des stocks de vaccins pour que « la mise en oeuvre de la stratégie vaccinale n’apparaisse pas dictée par des aléas de livraison ».
(Challenges, avec AFP)

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