17
Retard dans la campagne vaccinale, retard aussi dans la reprise économique. Pour l’Europe, c’est la double peine.
Jean de La Fontaine a tort : en matière de vaccin, le lièvre anglo-saxon l’a emporté sur la tortue européenne. Au petit jeu des comparaisons, l’Europe est perdante. Avec agilité, pragmatisme et prise de risque, l’Amérique et son cousin britannique ont gagné la première bataille de la campagne vaccinale : début avril, 31,4 % de la population avait reçu au moins une dose de vaccin aux Etats-Unis, 47 % au Royaume-Uni, contre 14,3 % en France et 12,1 % en Allemagne. Une victoire sanitaire évidente. Une victoire économique aussi. Alors que le Vieux Continent entame un deuxième printemps confiné, à New York, Broadway danse et chante à nouveau. Avec l’accélération de la reprise outre-Atlantique, un peu plus de 900 000 jobs ont été créés en mars, le meilleur résultat depuis l’été 2020. Si l’on en croit les dernières projections de l’OCDE, la croissance américaine pourrait atteindre les 6,5 % cette année, alors que l’Union européenne devrait difficilement tutoyer les 4 %. Et sans doute moins, alors que la France vient une nouvelle fois de revoir ses prévisions à la baisse.
*Une facture salée
Le retard pris dans la vaccination se paye cash. C’est même la double peine. Dans l’Hexagone, chaque semaine perdue par rapport au calendrier initial, c’est 3 milliards d’euros de richesses qui ne seront pas produites, d’après les estimations d’Euler Hermes. Entre le rallongement du chômage partiel, l’extension du fonds de solidarité et des exonérations de charges, la facture du confinement pour les finances publiques, grimpe, elle, à un peu plus de 11 milliards d’euros par mois.
Au petit jeu des comparaisons, le décalage est encore plus cruel quand on pense à l’ampleur de la relance budgétaire mitonnée par Joe Biden. En Europe, le marathon du plan de relance en est seulement à l’étape de la ratification par les parlements nationaux. Un virus, deux modèles.
(L’Express)