Vendredi noir

Un vendredi noir aussi bien à Paris, en France qu’à Sidi Bouzid, en Tunisie. Deux événements tragiques, qui ont provoqué une sorte de tremblement de terre, suscité une condamnation unanime, consternation, vive émotion et profond questionnement.
Le premier s’est soldé par un terrible carnage de personnes innocentes et le deuxième a coûté la vie à un jeune berger atrocement décapité par des terroristes, toujours avides de sang.
Deux événements tragiques, un même mode opératoire. Des terroristes qui agissent avec un étonnant sang-froid, tuent sans ménagement pour prouver, encore une fois au monde, leur capacité de tuer, de semer la désolation et la terreur, de détruire et leur aptitude à déjouer tous les systèmes de sécurité.
Les scènes d’horreur, de consternation, de panique que toutes les télévisions du monde ont diffusées, presque instantanément, des rues de Paris barricadées, des corps des victimes couvertes et des habitants en désarroi, ont administré la preuve que la nébuleuse terroriste n’épargne plus aucun pays et que l’endiguement de ce phénomène, qui gagne chaque jour en sophistication, exige plus que jamais une forte réponse de toute la communauté internationale.
La dissémination inquiétante de ce péril, l’armada dont disposent les groupes terroristes qui ont profité du chaos qui sévit dans certains pays comme la Libye, l’Irak, le Yémen et la Syrie notamment, les grands moyens financiers mis à leur disposition, dont l’origine reste entourée d’une grande opacité, la mobilité qui caractérise leurs actions, les complicités dont ils continuent de bénéficier et l’absence d’une stratégie mondiale coordonnée et bien conçue, leur ont permis de se métastaser pour devenir une véritable menace mondiale.
La grande tragédie que vient de vivre la France, semblable par son ampleur aux attentats sanglants de Londres, de Madrid et même du 11 septembre 2001, au-delà de l’élan de solidarité qu’elle a suscité, exige unité et, surtout, une mobilisation planétaire effective pour extirper cette hydre de la racine. Un engagement qui s’accommode mal avec le laxisme, la duplicité du langage et des stratégies.
Aujourd’hui, il importe de tirer les bonnes conclusions et de trouver les bonnes réponses pour éviter au monde de nouvelles épreuves difficiles et le basculement de pays dans la violence aveugle que veulent imposer les groupes terroristes qui ont tendance à se démultiplier anarchiquement.
Les deux organisations nationales, l’UGTT et l’UTICA, qui ont eu l’insigne honneur de remporter le prix Nobel de la paix 2015, font pâle figure et se montrent incapables d’utiliser de façon efficiente l’arme qui leur a permis de recueillir la reconnaissance de la communauté internationale. Le dialogue, comme moyen de résolution des conflits, a été, certes, testé avec beaucoup de réussite pour permettre au pays de réussir sa transition politique et d’éviter bien des écueils. Aujourd’hui, les deux organisations nationales semblent emprunter une voie sans issue, qui ne peut qu’exacerber les tensions sociales et les difficultés économiques d’un pays, au bord de la banqueroute. En se lançant abusivement dans un bras de fer, dont les conséquences peuvent être aussi périlleuses que porteuses de germes de la discorde, l’UGTT et l’UTICA ont subitement dévié de la voie du dialogue serein et responsable et failli à leur devoir.
Cela tient à plusieurs raisons évidentes. Le pays peut-il supporter, dans le contexte actuel d’accentuation des périls terroristes et des difficultés économiques, un autre cycle de mouvements sociaux avec son corollaire de grèves et de blocage du processus de production ?
Quel pourrait être le sort d’un cycle de négociations salariales, quand la confiance entre les deux partenaires est entamée et la volonté de parvenir à un compromis est constamment tournée en dérision ?
Est-il loisible de s’attendre à un résultat, quand chaque partie essaye de torpiller le dialogue que ce soit par le recours abusif à l’arme de la grève ou par la manipulation exagérée des statistiques ?
A moins d’une prise de conscience salutaire, de dernière minute, qui épargnerait au pays de nouveaux tourments, l’on ne peut qu’être tenté de déclarer nos deux organisations indignes de recevoir un prix dont ils ont vite oublié la raison profonde qui a conduit à son attribution, pour la première fois, à des organisations de la société civile !

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