La quatrième session de la 25e édition du Forum International de Réalités s’est penchée sur « la Transition Digitale pour une Inclusion Financière ». Sous la modération de Hakim Ben Hammouda, ancien ministre des Finances, les intervenants, Radhi El Meddeb, Feriel Chabrak, Lotfi Dabbabi, et Skander Naija, ont partagé leurs perspectives sur ce thème crucial.
Radhi El Meddeb : « Le verre vide de l’inclusion financière »
Radhi El Meddeb Cliché de Riadh Sahli
Radhi El Meddeb, président du conseil du Centre financier aux entrepreneurs, a brillamment soulevé la question du « verre vide ». « En 1989, le taux de bancarisation en Tunisie, c’est-à-dire le pourcentage de personnes de plus de 18 ans détenant un compte bancaire, plafonnait à 48% », a-t-il indiqué. En d’autres termes, plus de la moitié de la population tunisienne était exclue du système financier. « Aujourd’hui, 35 ans plus tard, le chiffre officiel est de 50%, une hausse insignifiante de 2% sur trois décennies. Cette statistique laisse planer une question en suspens : pouvons-nous faire mieux ? »
Il reste important de prendre du recul face à ce chiffre officiel de 50% de bancarisés en Tunisie. Pourquoi est-il crucial d’atteindre une inclusion financière ? « L’inclusion financière est la pierre angulaire de toutes les autres formes d’inclusion, qu’elles soient économiques, sociales, citoyennes, ou politiques. Faire mieux implique le développement de la microfinance et du mobile banking, des solutions adaptées à un monde de plus en plus numérique », explique Radhi El Meddeb.
Feriel Chabrak : « La clé d’une transition digitale réussie »
Feriel Chabrak
Cliché de Riadh Sahli
Feriel Chabrak, Directrice générale de la Banque de Tunisie et Émirats, a souligné «la nécessité d’adopter un rythme modéré dans la transition digitale du secteur bancaire. « Une vision claire et partagée est essentielle pour mener à bien cette transition. Il est primordial de mesurer la maturité digitale du secteur bancaire, de se positionner par rapport au secteur, de définir les moyens pour atteindre des objectifs en termes de maturité digitale, et d’élaborer un plan d’action pour y parvenir », a soutenu Feril Chabrak.
Lotfi Dabbabi : Les obstacles à l’inclusion financière
Lotfi Dabbabi, directeur général de la QNB, a évoqué la stratégie nationale d’inclusion financière menée par la BCT de 2016 à 2020, en partenariat avec la Banque mondiale. « Sur les 8 millions et 400 mille personnes éligibles à l’ouverture d’un compte bancaire, 50% de cette population n’ont pas de revenus fixes ou permanents, et plus de 46% n’avaient pas accès à Internet ». Une part significative de la population reste ainsi en marge du système financier, découragée par le coût des services financiers et la complexité de certains produits bancaires. « La législation pose également des obstacles, notamment lorsque des amendes sont imposées, exigeant des chèques certifiés ou des paiements en espèces ».
Lotfi Dabbabi
Cliché de Riadh Sahli
Skander Naija : L’assurance dans l’inclusion financière
Skander Naija, Directeur général d’AMI Assurances, a mis en lumière le rôle crucial de l’assurance dans l’inclusion financière. L’indicateur clé est le taux de pénétration, mesuré par le chiffre d’affaires généré par les assureurs divisé par le PIB. « Si la moyenne mondiale pour l’assurance non-vie atteint 3%, en Tunisie, elle se situe à 2%. Pour l’assurance-vie, la moyenne mondiale est de 4%, alors qu’en Tunisie, elle atteint à peine 0,5% », a-t-il révélé.
La session a mis en lumière le besoin d’une vision claire, de mesures précises et d’une action concertée pour améliorer l’inclusion financière en Tunisie. Il est temps de transformer ce verre à moitié vide en un récipient à moitié plein, en exploitant les opportunités offertes par la transition digitale pour créer un système financier plus inclusif et accessible à tous les Tunisiens.