Le syndicat des Imams et des cadres des mosquées a porté plainte, mercredi 5 avril 2017, contre le ministère de l’Éducation pour contester la modification de certains versets du Coran dans des manuels scolaires de la neuvième année collège. Dans une déclaration accordée à Réalités Online, Néjib Zbidi, directeur des programmes au sein du ministère de l’Éducation, a fourni des précisions supplémentaires sur l’affaire, pour mettre fin à la polémique.
Il souligne, tout d’abord, que le ministère fera appel à la décision du Tribunal Cantonal. « L’affaire relève plutôt de la compétence du Tribunal Administratif. Le ministère n’a reçu aucune notification concernant cette affaire de la part des plaignants. De ce fait, il n’a pas pu s’exprimer pour se défendre », déclare-t-il.
« Des livres élaborés sous l’ancien ministre de l’Éducation Fethi Jaray »
Ensuite, concernant les deux exercices du livre de la classe de la neuvième année qui ont suscité la polémique, Néjib Zbidi affirme que le ministère avait procédé à des changements dans les livres de grammaire et de conjugaison. Ce qui a été fait, selon lui, par l’ancienne direction des programmes, sous l’ancien ministre de l’Éducation du gouvernement de Mehdi Jomaa, Fethi Jaray, le 1er octobre 2014. « L’ancien ministre a donné son autorisation. De ce fait, quatre inspecteurs ont été chargés d’effectuer les changements pour mettre à jour les manuels scolaires. Seulement, les nouveaux livres n’ont pas fait l’objet d’une évaluation, alors que c’est la procédure normale. Ils ont été édités à l’époque de l’ancien ministre Fethi Jaray sans évaluation », explique le directeur des programmes, qui ajoute que les inspecteurs ayant effectué les changements ont bénéficié d’une prime de 10 000 TND. « Les livres ayant suscité la polémique sont ceux de l’ancienne administration », souligne-t-il encore.
D’autre part, Néjib Zbidi précise que, depuis son arrivée à la direction des programmes, des évaluations internes sont effectuées, à travers l’écoute des parents d’élèves et des professeurs, ainsi qu’à travers l’étude des rapports des inspecteurs. « De ce fait, nous avons constaté que le choix pédagogique de l’ancienne administration risquait de créer des malentendus. Ainsi, en partenariat avec le Centre National pédagogique, nous avons signé un accord pour la suppression des deux exercices où figurent les versets du Coran. C’était une affaire interne. La seule notification extérieure que nous avons reçue émane de l’ancien ministre des Affaires religieuses par intérim, Ghazi Jeribi, qui nous a fait part du problème des exercices, le 26 février 2017 », déclare encore le directeur des programmes.
« L’objectif n’est pas de porter atteinte au sacré ou au Saint Coran »
La notification du ministère des Affaires Religieuses a été prise en considération par le ministère de l’Éducation. Selon Néjib Zbidi, une commission de 4 inspecteurs a été constituée le 14 mars dernier pour discuter de l’allègement du volume des manuels scolaires de langues et ceux à caractère social. « Dans leur rapport, élaboré le 17 mars, les inspecteurs ont souligné qu’il n’était pas nécessaire d’alléger les manuels scolaires. Néanmoins, pour notre part, en tant qu’administration, nous avons pris la décision d’éliminer les deux exercices afin d’éviter les malentendus. Cela ne présente aucun risque pédagogique pour les élèves. Les deux exercices en question sont précédés par trois autres et suivis par deux autres. De plus, les deux exercices en question ne consistaient qu’à conjuguer des phrases avec d’autres pronoms personnels sujets. L’objectif était pédagogique, exempt de toute intention d’atteinte au sacré et au Saint Coran. L’usage des versets du Coran est une pratique courante », explique-t-il encore.
Le directeur des programmes poursuit en affirmant que le ministère de l’Éducation suit de près toutes les pratiques pédagogiques dans tous les manuels scolaires. « Les livres en question sont le produit d’un programme élaboré par l’ancien gouvernement. Nous avons constaté les problématiques et nous avons tenté de les résoudre. Nous aurions, par ailleurs, espéré être contactés par la partie ayant porté plainte contre nous, avant qu’elle n’ait recours au tribunal Cantonal. Ainsi, nous aurions pu lui fournir toutes les précisions nécessaires. Nous n’avons rien à cacher », a-t-il conclu.