C’est avec une émotion indescriptible que la présidente du Parti Destourien Libre (PDL), Abir Moussi, s’est exprimée lors la plénière à l’ARP (Assemblée des Représentants du Peuple), qui s’est prolongée jusqu’à tard dans la nuit du jeudi 4 juin 2020. Le visage défait par la fatigue et la tristesse d’avoir perdu son père, la présidente du PDL n’a rien perdu de sa détermination qui est restée intacte.
C’est une intervention d’une bonne dizaine de minutes qu’elle a faite pour s’adresser à Rached Ghannouchi, président de l’ARP et d’Ennahdha, à travers laquelle elle lui a dit ses quatre vérités et elle a tiré à boulets rouges sur lui. A un moment, n’en pouvant plus face à des attaques aussi virulentes et directes, le Cheikh n’avait plus le choix, préférant couper le microphone à la présidente du PDL pour lui demander, soi-disant, de faire preuve d’éducation. « Je suis éduquée, mais pas vous car vous mentez au peuple », lui a-t-elle lancé. Le Cheikh, impuissant et n’ayant aucun moyen de se défendre, a décidé de réactiver le microphone.
Il faut dire qu’Abir Moussi ne l’a aucunement ménagé, fidèle à son statut d’opposante virulente et qui a su, intelligemment donner du fil à retordre à Ennahdha. Elle a dénoncé les liens suspects entre Ennahdha est l’organisation des Frères Musulmans, les appels téléphoniques suspects entrepris par Rached Ghannouchi, l’application de l’Agenda des Frères en Tunisie. « Votre arrivée en Tunisie était déjà une erreur. Vous étiez condamnée par contumace en 1991, mais vous avez tout de même été accueilli en héros le 30 janvier 2011. Qui vous a laissé entrer sachant que vous étiez dans l’illégalité ? Votre parti avait obtenu un VISA sachant, à l’époque, que les partis religieux étaient interdits. Qui vous a octroyé cette autorisation ?« , s’est-elle interrogée.
Bref, c’est avec une force patriotique qu’Abir Moussi s’était attaquée à Rached Ghannouchi. Ce dernier, rappelons-le, devait être auditionné hier. Mais la séance a fini par se transformer en un débat stérile sur la diplomatie parlementaire… Bref, la Tunisie a besoin d’une opposition forte et raisonnable face aux dépassements à répétition d’Ennahdha. Pour l’heure, il n’y a qu’Abir Moussi, avec le PDL, qui l’incarne – en tout objectivité, car il faut rendre à César ce qui est à César -.
F. K
L’essentiel de l’intervention d’Abir Moussi :
« C’est une journée historique pour la Tunisie qui marque l’anniversaire de la signature du document sur l’Indépendance du 3 juin 1955. C’est aussi une journée historique pour moi, car c’est le Fark de mon père. Je souhaite la victoire aux forces progressistes. Je n’ai pas pu assisté au Fark de mon père défunt. Je dis « que Dieu soit pour moi Le Meilleur Soutien face à ceux qui m’ont empêché de le faire en provoquant le retard de la séance plénière. Je dédie cette victoire à la mémoire de mon père.
Vous [à l’adresse de Rached Ghannouchi] vous moquez des Tunisiens. Je ne vais pas énumérer les nombreux dépassements et les nombreuses violations de la loi. Parlons des dépassements au niveau de la politiques étrangères. En janvier 2020, vous avez téléphoné au président turc après la chute du gouvernement Jemli sans que personne ne l’ait su. Pendant la crise sanitaire, profitant de l’absence des députés, vous avez voulu vous emparer de l’ARP pour faire passer vos projets de loi (accords avec le Qatar et la Turquie). Le 25 avril 2020, vous avez encore téléphoné au président turc et c’est une page turque qui vous a démasqué. Ensuite, vous avez prétendu avoir téléphoné à tous les présidents des parlements maghrébins, mais vous ne l’avez pas fait avec le Parlement libyen. Vous avez plutôt contacté le dirigeant au sein de l’organisation des Frères, Khaled Mechri. Vous avez menti aux Tunisiens. Vous vous contredisez : en janvier, vous avez dit que tout président de l’ARP doit être auditionné, mais vous fuyez votre propre audition. Votre parti n’a rien d’un parti civil. Sur son site, à la date du 3 juin 2020, c’est clairement indiqué dans 3 vidéos. Vous vous donnez le droit de qualifier quelqu’un de mécréant. Vous faites partie de l’organisation internationale des Frères. Vous avez été chargé d’établir des rapports sur la situation des Frères au Maghreb dans le passé selon Express Maghreb. Nous ne sommes pas honorés de vous avoir à la tête de l’ARP. Vous avez affirmé, dans vos écrits, que la femme est une honte. Moi je vous dis que la femme tunisienne est libre. Vos alliés trahissent la Tunisie. Nous allons vous évincer de votre siège par la force de la loi. La Justice doit se pencher sur tant de dossiers : qui a tué Chokri Belaïd ? Qui a tué nos sécuritaires ? La Tunisie reste libre et elle reviendra aux Tunisiens ! ».
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