En Tunisie, il n'y a pas que les coups bas, la politique bas de gamme et les mauvaises nouvelles. Notre pays regorge de talents et de compétences qui redonnent de l'espoir. C'est le cas de Docteure Erij Messadi, chercheuse au Laboratoire des Biomolécules, Venins et Applications Théranostiques (LBVAT) au sein du prestigieux Institut Pasteur de Tunis.
Dernièrement, elle a décroché la Médaille d'or à l'occasion du 48ème salon International des Inventions de Genève 2023. Celui-ci, pour info, a été organisé du 26 au 30 avril 2023. D'ailleurs, on vous en a parlé ici. Mais ce qui compte réellement, au-delà du prix qui a été obtenu – sachant que d'autres compétences tunisiennes continuent d'honorer notre pays – : c'est le travail qui est derrière ces consécrations. Et qui dit consécration, dit aussi, "envieux" et "négativité". C'est cette fâcheuse tendance à vouloir rabaisser les exploits des Tunisiennes et Tunisiens.
Cette situation s'applique exactement au cas d'Erij Messadi. Réalités Online a eu l'occasion de rencontrer la jeune chercheuse à l'Institut Pasteur de Tunis. Elle nous a, en effet, accordé un entretien dans lequel plusieurs points essentiels ont été abordés : son palmarès, le prix obtenu à Genève, le domaine de la recherche en Tunisie, la fuite des cerveaux… et bien d'autres. Interview.
Salon des inventions de Genève: un prix sérieux
Il semble, après l'obtention de la médaille à Genève, qu'une "polémique" a éclaté. Certaines mauvaises langues avaient critiqué le fait d'avoir médiatisé le seul prix obtenu par la chercheuse tunisienne. Or, il faut savoir que la médaille d'or constituait le seul prix officiel accordé par le Salon International des Inventions. Certes, il y en a d'autres, mais ces derniers sont financés par des sponsors spécifiques pour des projets qui portent sur d'autres domaines, comme la cosmétique.
Cela signifie, en quelque sorte, que ces récompenses ont été accordées sur la base d'un partenariat à but lucratif. Or, ce n'est pas le cas de la médaille d'Or du Salon de Genève. Celle-ci, pour sa part, est attribuée sur la base d'un ensemble de critères scientifiques très précis, exigeants et, surtout objectifs, ce qui rend une telle distinction plus crédible que les autres sur le plan scientifique, académique et au niveau de sa valeur ajouté.
La lebecetine: c'est quoi ?
Comme vous le savez, c'est grâce à cette molécule qu'Erij Messadi a remporté la médaille d'or à Genève. "Nous l'avons brevetée en 2017, mais nous avons préféré attendre avant d'en parler. Nous voulions, en effet, présenter quelque chose de concret sur le plan biomédical", a-t-elle expliqué.
La lebecetine, poursuit-elle, s'est avérée très utile pour le traitement de certaines pathologies oculaires, à l'instar de la rétinopathie diabétique. Pour ladite molécule, des tests précliniques ont été effectués sur l'animal. "C'est une phase essentielle avant une éventuelle mise sur le marché", a-t-elle précise.
S'agit-il d'un médicament ?
En fait, il faut faire la part des choses. Le prix obtenu à Genève ne signifie pas qu'un médicament a été conçu et qu'il est prêt à l'emploi. Du moins, ce n'est pas encore le cas. "Cette molécule est intéressante et son action est ciblée", a souligné Erij Messadi, qui a affirmé qu'elle travaille avec son équipe pour parvenir à fabriquer un médicament.
Il faut rappeler qu'Erij Messadi a décroché d'autres prix en dehors de la Médaille d'or du Salon International des inventions de Genève. C'était à l'occasion de la 8ème conférence de Tokyo pour le développement de l'Afrique, organisée en Tunisie les 27 et 28 août 2022.
Tout d'abord, nous avons le 1st World Cup Of Invention and Scientific Research Tunisia. Ensuite, il y a eu le 1er Prix National des Inventions – décroché face à 300 scientifiques tunisiens -. Ce dernier, pour sa part, a été discerné par l'Union Européenne, d'où son appellation : Prix de l'Europe. On vous propose de visionner l'interview d'Erij Messadi via le lien YouTube mentionné un peu plus haut.
- Réalisation, photos et montage : Riadh Sahli
- Journaliste : Fakhri Khlissa