Lauréate du Prix Orange de l’Entrepreneur Social, Amira Cheniour est une jeune femme pleine d’ambitions et de détermination. Consciente des enjeux du réchauffement climatique et de leurs répercussions sur l’agriculture, elle a cofondé Seabex en 2015 : une start-up qui a su conjuguer les nouvelles technologies au secteur clé de l’économie tunisienne qu’est l’agriculture. C’était un pari pour le moins difficile : développer une agriculture intelligente respectueuse des producteurs et, surtout, de l’environnement. Avec ses co-fondateurs Taher Mestiri et Ines Hamida, la jeune femme n’a pas baissé les bras face aux difficultés. Dans un entretien accordé à Réalités Online, Amira Cheniour est revenue, de Paris, sur cette riche expérience et sur les difficultés rencontrées. Retrouvez, également, la vidéo de l’interview.
Seabex est née en 2015. C’est une idée qui découle d’une problématique récurrente dans le monde de la High Tech : le monitoring et l’automatisation scalable. Elle a été mise en lumière par Tahar Mestiri qui, aujourd’hui, préside Seabex. Seabex a été créée dans une période particulière pour la Tunisie, marquée par une sécheresse qui menaçait – et qui menace encore – l’agriculture et les réserves des barrages en eau douce.
L’objectif de l’équipe de la start-up était clair : parvenir à optimiser l’utilisation des ressources hydrauliques en vue d’assurer une irrigation efficace, intelligente et durable. Comme tous les rêves qui grandissent et qui deviennent réalité, l’histoire de Seabex a été marquée par tant de difficultés, d’échecs, de déceptions, de nuits blanches… mais finalement, couronnée par une fulgurante réussite.
Des obstacles de taille, mais surmontés avec le travail
“Seabex, à ses débuts, a été confrontée à de nombreuses difficultés. Tout d’abord, il s’agissait d’aller vers l’agriculteur et de s’ouvrir sur le marché. Nous disposions déjà de la technologie, mais il fallait la tester et faire connaître ses résultats. De plus, les agriculteurs tunisiens ne sont pas connectés. De ce fait, il fallait mettre en lumière l’efficacité de nos solutions technologiques », nous confie Amira Cheniour.
Autre difficulté et non des moindres : trouver des investisseurs pour financer le projet. En effet, l’écosystème des start-ups est en construction en Tunisie. Il fallait, aussi, parvenir à trouver les talents avec lesquels le travail sera mené. “Aujourd’hui, nous avons une équipe sur laquelle on peut compter!”, s’est félicitée la jeune femme.
Seabex, des solutions innovantes au profit d’une agriculture durable et intelligente
La start-up a réussi à mettre en place des solutions intelligentes pour l’agriculture de précision, ce qui a permis d’avoir de nombreuses retombées positives : une productivité améliorée, un environnement respecté et des ressources naturelles préservées et optimisées. Dans ce même contexte, l’agriculteur est au centre du projet Seabex. Par de simples SMS, il est accompagné et conseillé. Le processus passe également par l’automatisation totale de l’acquisition des données en temps réel.
Dans cette optique, une plateforme collectant les données relatives aux parcelles des agriculteurs / exploitants a été mise en place. Un outil digitalisé où l’IA (intelligence artificielle) fait des merveilles, à travers lequel, à titre d’exemple, les calculs des besoins en irrigation sont effectués, ce qui facilite la prise de décision. Les données collectées proviennent de plusieurs sources : images satellites, prévisions météorologiques…
Seabex a aussi déployé l’IoT (Internet of things) pour concevoir une solution facilitant la collecte des données et l’automatisation des activités liées aux différentes cultures. Cela passe par des stations IoTs qui permettent d’automatiser la collecte des données à partir des stations météos et des capteurs installés sur les parcelles.
Les retombées positives de ces solutions développées par Seabex sont nombreuses, notamment pour les agriculteurs. « Nos plateformes permettent de donner une précision de 80% pour l’agriculteur au niveau de l’information. Notre mission est de rendre l’agriculture plus raisonnable et plus durable. La technologie est au service de l’agriculture”, confie encore Amira Cheniour.
L’innovation est donc au cœur des activités de Seabex, d’autant plus que la start-up a choisi de s’investir dans l’agriculture qui est un secteur vital non seulement en Tunisie, mais dans le monde entier. Et il faut dire que le concept a beaucoup séduit à l’étranger, notamment en France. En effet, conscient de son énorme potentiel, Business France a manifesté son intérêt pour la start-up en 2019.
Un an plus tard, le 25 mars 2020 et alors que la quasi-totalité du monde était confiné à cause de la COVID-19, Seabex a ouvert son premier local en France. Elle a réussi à intégrer le prestigieux incubateur numérique Lab O après un processus de sélection très rigoureux.
Par ailleurs, que ce soit en Tunisie ou en France, Seabex a remporté de nombreux prix prestigieux dont, bien entendu, le Prix de l’Entrepreneur Social d’Orange Tunisie en 2018.
- Prix du meilleur projet de « Ye Female Entrepreneur » du « Global Inclusion Award » durant le G20 (Berlin, en 2017)
- Prix de la Start-up la plus prometteuse pour une Afrique durable lors du Sommet UE-UA, (Abidjan, 2017)
- Nomination à Womena, 1er réseau des femmes entrepreneurs dans la région MENA – Dubai/Berlin 2019 (pour n’en citer qu’eux !)
Entretien conduit par Fakhri Khlissa