Les enjeux, au Maghreb Arabe, sont nombreux et nous les connaissons. Entre la géopolitique et les défis économiques et sociaux, la région est en pleine mutation. Celle-ci, depuis 2011, s’est accélérée, propulsée par une vague de liberté, de démocratie et, aussi, de défis. Dans ce contexte particulier, l’IRMC (Institut de recherche sur le Maghreb contemporain), depuis 1992, s’est donné pour mission de comprendre et de faire comprendre le Maghreb Arabe. Aujourd’hui, il est dirigé par la professeure Oissila Saaidia. Détrompez-vous : c’est une Française dont la mère a choisi de nommer Oissila, en l’honneur de Oissila Bourguiba, épouse du Leader Habib Bourguiba. Parlant parfaitement l’arabe et le dialecte tunisien, l’Historienne s’est exprimée dans un entretien accordé à Réalités Magazine dans lequel elle est revenue sur les missions de l’IRMC, ses projets, les difficultés rencontrées, les enjeux du Maghreb, et bien d’autres questions cruciales. Tout en étant sous la tutelle du ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères, de l’Enseignement Supérieure, du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), l’IRMC a une politique de recherche totalement autonome. Par ailleurs, question projets, on n’en manque pas. Interview.
Réalités : Quelle est la mission principale de l’IRMC ?
Professeur Oissila Saaidia: Œuvrant en Tunisie, en Algérie et en Libye, nous proposons des recherches sur le Maghreb contemporain du XIXème siècle à nos jours, et ce à travers les sciences sociales et humaines. Les recherches sont menées en collaboration avec les universitaires de la zone. En Tunisie, à titre d’exemple, nous travaillons avec les Universités de Tunis, de Sousse ou de Sfax.
Quelles sont les principales études qui ont été menées par l’IRMC ?
Nous travaillons sur des questions politiques, notamment l’autoritarisme, mais pas seulement. Nous travaillons, aussi, sur les questions de société – les minorités -, et c’est sans compter les travaux sur la sociologie politique. En d’autres termes, tous les aspects de la société sont abordés dans nos programmes de recherches.
Avant 2011, compte tenu du contexte politique marqué par la dictature, l’IRMC a-t-il rencontré des difficultés particulières en menant certaines recherches ?
L’IRMC a la particularité d’être une institution placée sous la tutelle du ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères, en plus de celui de l’Enseignement Supérieur et, aussi, du CNRS. Ainsi, il a pu bénéficier d’une certaine protection. De plus, son « extra-territorialité » a permis aux chercheurs de mener leurs travaux avec leurs collègues tunisiens. Ces derniers étaient nombreux à travailler au sein de l’IRMC sur des sujets sensibles. Par ailleurs, bien que nous soyons sous la tutelle de l’ambassade de France, notre politique de recherche est totalement autonome. On ne reçoit pas de commandes du ministère ou de l’ambassade. C’est le conseil scientifique qui décide des thématiques et des stratégies scientifiques à mettre en œuvre, en plus du conseil des laboratoires. L’avant 2011 était difficile.
Retrouvez l’intégralité de l’entretien avec la directrice de l’IRMC dans le numéro de Réalités Magazine à paraître demain vendredi 19/02/2021n
et dans la vidéo ci-après.
- Travail journalistique : Fakhri Khlissa
- Photos, réalisation et montage : Riadh Sahli