(Vidéo) Taïeb Zahar : « face aux enjeux mondiaux, une réponse internationale s’impose »

Nous sommes à quelques jours de la 23ème Session du Forum International de Réalités, qui aura lieu les 1er et 2 avril 2021 après un an d’absence en raison de la COVID-19. Intervenant dans Expresso ce lundi 29 mars 2021, le président du Forum, Taïeb Zahar, est revenu sur la conjoncture internationale marquée, notamment par la crise sanitaire, sur le déroulement du Forum, mais également, à la fin, sur la situation de la presse écrite qui croule sous le poids des conséquences de la pandémie.

La géostratégie, selon Taïeb Zahar, sera au cœur du 23ème Forum International de Réalités. « Cela fait un an que nous n’avons pas organisé un tel événement. Nous allons donc reprendre de manière plutôt mixte – webinar et présentiel -, avec une présence limitée et en prenant en compte les précautions sanitaires », a-t-il déclaré au micro de Wassim Belarbi.
Les conséquences de la COVID-19 vont au-delà du secteur de la santé. Elles sont, selon Taïeb Zahar, géostratégiques par excellence. D’où le thème choisi pour le Forum International de Réalités : « Quelle nouvelle politique de voisinage dans un nouveau contexte géostratégique ? ».

La pandémie, un phénomène d’accélération

Certaines industries, malgré la crise sanitaire, vont pouvoir reprendre, à l’instar de l’industrie pharmaceutique. « Il était impossible de fabriquer certaines matières premières. Aujourd’hui, cette production pourra reprendre, notamment en Europe. La pandémie a été un signe déclencheur des changements actuels, un véritable phénomène d’accélération sur le plan sanitaire. On pense, notamment, à la bataille des vaccins. Dans ce contexte, nous avons surtout besoin d’une coopération internationale qui va au-delà des pays et des régions. C’est une chose que nous devons aborder avec l’Union Européenne (UE) », a-t-il expliqué.
Taïeb Zahar poursuit en rappelant la possibilité d’un nouvel accord avec l’UE pour la période 2021-2028. Toutefois, les partenaires européens doivent prendre en compte la spécificité de la situation actuelle, compte tenu des conséquences de la COVID-19. « Il faut aborder des dossiers importants, à l’instar de la libre circulation des hommes et de la fuite des cerveaux tunisiens. En tant que Think Tank et société civile, nous ferons en sorte, à travers des propositions, d’inciter les décideurs à réfléchir. Tout sera discuté au Forum », a-t-il ajouté.

Diversifier les partenariats

Par ailleurs, le président du Forum International de Réalités a souligné l’importance, pour la Tunisie, de diversifier ses partenariats. Il est clair qu’il faut renforcer la coopération avec l’UE. Toutefois, il faut, selon Taïeb Zahar, se tourner vers la Chine, la Russie ou encore l’Inde. « La Tunisie est le pays des occasions ratées. Or, nous devons convaincre nos partenaires de l’UE d’installer leurs usines chez nous. La Chine offre de nombreuses opportunités. Si nous concluons 3 à 4 projets avec elle, nous résoudrons 90% de nos problèmes, d’autant plus que les autorités chinoises s’intéressent à la Tunisie en tant que partenaire stratégique. Nous devons, de notre côté, préparer le terrain à la reprise et aux partenariats en stabilisant, à titre d’exemple, la situation politique. Il suffit d’observer le blocage du projet du port des eaux profondes d’Ennfidha – à cause de la bureaucratie -« , a-t-il souligné.

« Organiser un Forum pour proposer, trouver des solutions »

Comme souligné plus haut, le Forum International de Réalités se déroulera en deux jours. Il s’agira donc d’étudier l’impact de la COVID-19 sur la géostratégie et les changements que la pandémie a apportés. Dans ce même cadre, l’intelligence artificielle et économique seront au centre des discussions durant le Forum.
« Pourquoi ne pas former nos cadres à ces intelligences – artificielle et économique – ? Nous devons disposer d’assez de ressources humaines pour affiner ces intelligences, ce qui ouvrira de nombreuses portes à la Tunisie. De plus, nous avons un grand potentiel. Il ne s’agit pas d’organiser un forum pour organiser un forum, mais il s’agit d’élaborer des propositions et des solutions concrètes », a encore déclaré Taïeb Zahar.

Crise de la presse écrite : de bonnes nouvelles cette semaine ?

Enfin, le président du Forum International de Réalités a été interrogé sur la situation de la presse écrite en ces temps de pandémie – sa casquette de président de la Fédération Tunisienne des Directeurs de Journaux (FTDJ -. « Le Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, nous a fait une promesse. Seulement, le fonds de soutien de la COVID-19 n’a toujours pas été activé. Cela pourrait être le cas pour cette semaine. D’un autre côté, nous avons travaillé sur l’abonnement numérique pour tous les journaux du pays. Nous attendons l’activation de tous ces dispositifs. Ce serait un espoir pour la presse écrite. La volonté de nous soutenir est là, mais on déplore l’absence d’un organe officiel pour composer avec lui », a-t-il conclu.