(vidéo) Zohra Abichou, une Tunisienne de France : « on n’existe pas aux yeux des pouvoirs publics ! »

Dans son optique de rompre avec la culture de la médiocrité et afin de valoriser nos compétences à l’étranger, Réalités Online a rencontré, cette fois-ci, Zohra Abichou. Il s’agit, en fait, d’un échange en ligne qu’elle nous a accordé puisqu’elle est actuellement en France où elle réside depuis 2009. Cette maman de 44 ans – deux magnifiques enfants – est aujourd’hui propriétaire de son propre site e-commerce. « Il ne faut jamais oublier la Tunisie car elle fait partie de nous », nous a-t-elle confiés à la fin de son interview lorsque nous lui avons demandée quel était le message positif à passer.
L’intégration de Zohra dans la société française s’est déroulée doucement, mais sûrement. Après avoir enchaîné plusieurs expériences professionnelles, notamment dans les mairies, elle a décidé, au printemps 2020, de lancer sa propre affaire. Nous étions, pour rappel, en plein confinement à cause de la première vague de contaminations par la COVID-19.
« J’ai décidé de me lancer dans une nouvelle aventure avec le e-commerce. Dans cette optique, j’ai suivi plusieurs formations sur le domaine. J’ai donc conçu ma propre boutique en ligne, LR France, pour la vente de produits de beauté, de santé, de bien-être et d’amincissant 100% naturel », a-t-elle expliqué.
Par ce projet, Zohra voulait surtout évoluer. « Les conditions de la COVID-19 imposaient le changement. Les produits vendus sont allemands. Ils sont commercialisés dans plusieurs pays dans le monde », a-t-elle ajouté La Tunisienne considère qu’elle n’a pas rencontré de réelles difficultés pour le lancement de son projet. « Il fallait surtout se former et se perfectionner dans l’e-commerce. J’ai eu de la chance », a-t-elle encore confié.

Une activité prometteuse, mais difficile à lancer en Tunisie

Malgré toutes les opportunités offertes par le e-commerce, Zohra se trouve dans l’impossibilité d’étendre son activité en Tunisie compte tenu, comme nous le savons, du système de changes fermé et de la législation rigide. « Si je lance mon produit en Tunisie, nos compatriotes ne pourront pas l’acheter. Il est impossible de payer et c’est sans compter les problèmes de livraison. L’autre obstacle porte sur le transport. De ce fait, les pouvoirs publics doivent se pencher sur ces problématiques pour les résoudre et pour stimuler, par conséquent, le commerce en ligne », a-t-elle déclaré.
La Tunisienne poursuit en rappelant que l’accès au commerce en ligne est difficile pour les Tunisiens. Or, selon elle, il est tout à fait possible d’améliorer l’économie nationale grâce à ceux qui sont actifs à l’étranger. « Il est possible d’établir des partenariats entre les Tunisiens en Tunisie et ceux qui sont à l’étranger », a-t-elle ajouté.

« Nous n’existons pas aux yeux des pouvoirs publics

Sur un autre plan, notre interlocutrice a été interpellée sur la conjoncture nationale et sur la crise qui secoue actuellement notre pays (santé, éducation, économie, politique, social…). « Ça me fait de la peine de voir que notre pays n’avance pas. Il faut bouger. La raison de tout cela est principalement politique car le pays est géré par les politiques », a-t-elle expliqué.
Et qu’en est-il de la situation des TRE (Tunisiens Résidents à l’Étranger) ? Comme nous l’avons souligné à maintes reprises, nos compatriotes à l’étranger se considèrent oubliés et délaissés par les pouvoirs publics en Tunisie. Zohra Abichou partage ce sentiment. « Nous n’existons aux yeux des pouvoirs publics. Or, il faut dialoguer avec la diaspora tunisienne à l’étranger sachant qu’elle est pleine de capacités et de ressources qui lui permettent de faire bouger les choses dans notre pays. Il faut la réunir, lui parler et étudier les différentes problématiques afin de les résoudre. Pour ce faire, nous avons besoin d’une personne qui nous représente, d’un porte-parole que ce soit au Parlement ou ailleurs », a-t-elle indiqué.
Enfin, Zohra Abichou est revenue sur le 10ème anniversaire de la Révolution tunisienne. Comme plusieurs autres Tunisiens, elle estime que peu de choses ont changé en 10 ans. Certaines autres ont même empiré. Malgré ce triste constat, elle a clôturé avec un message positif : « Les opportunités sont partout. Il faut les saisir. Il ne faut jamais oublier la Tunisie car elle fait partie de nous », a-t-elle conclu.

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