Vie politique : Un énième gouvernement pour quoi faire ?

 La situation économique devient de plus en plus complexe.  En témoignent la déprime qui domine et les flux de capitaux sortants qui sont de plus en plus importants. En témoignent également les autres indicateurs qui virent progressivement vers le rouge à l’instar de  l’inflation qui frôle les 8%, du taux de chômage (15%) qui  demeure encore très élevé, du déficit budgétaire qui est de 6%, du  déficit courant qui a dépassé les 10% et de la chute continue du dinar. Les risques se multiplient et l’incertitude va croissant. L’équipe gouvernementale tente tant bien que mal d’enjoliver une situation inquiétante. Malheureusement ce type de discours ne sert aujourd’hui à rien, si ce n’est à discréditer le gouvernement lui-même.
Tout le monde reconnaît aujourd’hui les difficultés que connaît l’équipe actuelle mais les avis sur les voies de sortie ne convergent pas. Certains pensent que nous faisons fausse route en ce qui concerne les réformes et leur priorisation. D’autres, en l’occurrence l’UGTT, ne croit pas en la capacité de cette équipe de redresser l’économie tunisienne et pense même qu’elle est en train de l’engouffrer dans une impasse. Aujourd’hui, il est vrai que nous sommes face à deux mauvaises solutions et il nous faut choisir entre la pire et la moins mauvaise.

Le remaniement est une partie de la solution…
Changer une équipe contestée paraît quelque peu légitime, à condition qu’elle ne soit pas remplacée par une autre qui serait inefficace. Aujourd’hui, ce qui manque à la Tunisie est une feuille de route claire, précise et adaptée au contexte tunisien. Mais aussi et surtout, une équipe dynamique et audacieuse, capable de dépasser les petits calculs politiques.
Ce n’est certainement pas le bon moment de provoquer un remaniement, mais la situation exige une intervention car il est inacceptable de reconnaître l’échec et de faire comme si de rien n’était. S’il se trouve que cette situation arrange certains partis politiques, les risques sociaux sont tellement importants qu’il est insensé de rester les bras croisés.
L’actuel gouvernement a tellement cédé aux exigences du syndicat qu’il lui sera difficile aujourd’hui de rattraper le coup. Ainsi, le syndicat a réussi à imposer ses conditions, en l’occurrence un remaniement imminent, et il est quasi certain qu’il gagnera la bataille. A ce titre, rien n’empêche en effet le syndicat d’imposer des noms dans la nouvelle formation du gouvernement.

Une profonde crise de confiance…
Aujourd’hui, le baromètre de confiance est au plus bas. La méfiance par rapport à n’importe quelle réforme annoncée est une donnée profondément ancrée dans l’esprit des Tunisiens. Cette méfiance remonte à très longtemps au point où tous ceux qui parlent en Tunisie de réformes, souffrent d’un grand discrédit aux yeux des citoyens. Politiques, chefs d’entreprise, journalistes, experts sont boudés et mis dans le même sac car perçus comme faisant partie d’une élite qui ment. Une autre dimension de l’incapacité à se réformer tient à la force du déni de la réalité. Le gouvernement est appelé à définir une nouvelle stratégie de communication pour finalement dire toute la vérité à son peuple. Les conseillers du chef du gouvernement font plus de mal que de bien et devraient se limiter à leur travail de conseiller. Le chef du gouvernement doit impérativement recadrer son équipe car les mauvaises déclarations ne font qu’augmenter la méfiance.

Une crise politique
Contrairement à ce qui se dit ici et là, nous sommes en pleine transition politique et l’amateurisme caractérise la quasi-totalité des partis politiques. Le gouvernement, sans appui politique, prend des initiatives en solo, qui se trouvent bloquées à l’Assemblée par la suite. Par ailleurs, la qualification d’unité nationale, avancée par de nombreux hommes politiques, est considérée par la plupart des Tunisiens comme un gros mensonge.
Beaucoup de Tunisiens accusent le système politique en place de cet échec. Nous avons plutôt une réelle crise de leadership, ce qui n’est pas exactement la même chose. Les périodes difficiles et délicates nécessitent de l’expérience, de l’intelligence et de la sagesse. Aujourd’hui, on peut se demander qui prend les décisions et on peut en conclure que probablement personne n’est véritablement aux commandes. Il nous faut pourtant un gouvernement fort et surtout capable de prendre des décisions et de redresser l’autorité de l’Etat.
Contrairement aux idées reçues, le peuple tunisien ne demande pas à être assisté mais tout simplement qu’on libère son potentiel créatif et sa force de production. Donnons-nous les moyens de réussir.

Mohamed Ben Naceur

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