Vient de paraître : « Correspondances Edward Saïd et Mohamed Zinelabidine »

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« Correspondances Edward Saïd et Mohamed Zinelabidine » est le titre du nouvel ouvrage de Mohamed Zinelabidine, universitaire-chercheur et ancien ministre tunisien des Affaires culturelles. Edité par Sotumédias, il sera présenté ce jeudi au Salon international du livre de Rabat, et porte la signature de Mohamed Zinelabidine, comme membre du Centre de recherches philosophiques de l’Université Paris-I-Panthéon Sorbonne, Cetcopra, dirigé par Pr Caroline Moricot.

par Chedly Hamrouni

 Déjà, pour présenter «Correspondances Édward Saïd et Mohamed Zinelabidine», Edith Lecourt, professeur émérite, ancienne secrétaire générale de l’Institut de psychologie clinique et de psychopathologie, Université Sorbonne-Paris V René Descartes, écrit : « Ce nouvel ouvrage de Mohamed Zinelabidine est le dixième de la collection Hypothesis, collection où la culture est conçue, constamment interpellée, à l’aune de ses   multiples manifestations et interprétations sociales, politiques, esthétiques, linguistiques, économiques… Cette série d’ouvrages est le fruit d’une pensée nourrie de plus de trente-cinq années d’écriture. Cette pensée trouve son aboutissement dans ce rassemblement, qui fait œuvre d’une rare érudition et d’une remarquable profondeur. » Bouazza Benachir, quant à lui, professeur émérite, docteur d’Etat en Lettres et Sciences humaines de l’Université Paris-1-Panthéon-Sorbonne, précise dans sa préface : « Pour notre auteur, l’Orient ne peut naître de l’Occident et vice-versa. Mais les cours de l’histoire vont pouvoir confluer l’un vers l’autre, congréer l’un sur l’autre… De ce fait, pour répondre à Edward Saïd sur cet orientalisme qu’il dénonce et décrie, l’histoire en est un écrit autrement nuancé ». Partant, Mohamed Zinelabidine veillera aux sources millénaires d’un Orient historique pluriel, évolutif, cumulatif et distinctif que Gérard Pelé, professeur émérite à l’Université Paris I-Panthéon Sorbonne, analyse dans sa postface du livre : « Il s’agit principalement d’effectuer une relecture de l’essai d’Edward Saïd (L’Orientalisme : L’Orient créé par l’Occident) publié en 1978 (1980 pour la traduction française), analysant la vision occidentale du Moyen-Orient apparue au dix-neuvième siècle dans l’art et la littérature, ainsi que ses développements ultérieurs en termes de domination dudit « Orient », de dépréciation de la langue arabe, de diabolisation de l’islam… Mohamed Zinelabidine concentre ensuite son étude sur la musique et la poésie – comment cet art [arabo-musulman] pouvait-il donc parvenir, selon l’auteur, à investir quelques citadelles dont une qui allait largement déterminer la conquête des autres, à travers les Pythagoriciens et l’harmonie, Damon d’Athènes et l’éthique, Platon, son quadrivium et sa philosophie? – Néanmoins, ajoutera Gérard Pelé, Mohamed Zinelabidne s’accorde avec Edward Saïd sur le fait que cet « Orient » est une pure vue de l’esprit… ».
Il est clair que l’approche de l’auteur ne déroge pas à l’esprit des précédents écrits et les correspondances qu’a eues Mohamed Zinelabidine avec Francis Fukuyama, Samuel Huntington, André Malraux sur « L’Impensé pluriel » et l’impératif de faire de l’histoire une interprétation singulière du fait culturel comparatif, pour ainsi prétendre pouvoir l’interpréter autrement. Non sans que l’art ne s’y projette ou s’y impose comme outil herméneutique décisif à l’analyse. Ce qui confirme, de surcroît, la détermination de Mohamed Zinelabidine d’aller de l’avant dans sa voie singulière cherchant à recentrer la culture au cœur de l’analyse sociale et politique. Dans la lignée des « Correspondances André Malraux et Mohamed Zinelabidine «, un livre qui a fait beaucoup réagir, « La Tunisianité au pluriversel «, où il n’est pas vain de saisir comment l’auteur a choisi de hisser « la Tunisianité » à l’aune de ce qu’il entend comme identité plurielle d’une civilisation en mouvement, pour en faire une présence au monde, une ipséité, selon l’acception qu’en fait Paul Ricœur. Alors que dans « Correspondances Édward Saïd et Mohamed Zinelabidine», la question éminemment existentielle reste toujours en suspens ; «Qui suis-je ?», «Qui sommes-nous?» Et comme récurrence au colonialisme occidental du XIXe.s dont il a été question de nier, voire d’occulter l’orientalisme intellectuel, scientifique et artistique, il y a lieu, selon l’auteur, de dénoncer l’objet qu’il continue d’inspirer, d’un point de vue occidental en termes de caricature, barbarie, étrangeté, curiosité et méconnaissance. Pour l’auteur, il est impératif de défendre le devoir d’une meilleure reconnaissance culturelle par la diversité, la pluralité et la liberté. C’est justement le regard injuste et dédaigneux porté sur l’Orient qui alimente la controverse relative à l’assimilation des mondes différents de par les langues, les religions, les cultures et l’habitus. C’est pourquoi Mohamed Zinelabidine y répondra : « Ce livre reprend donc des hypothèses que j’ai à cœur de (re)vérifier, et dont l’accent a déjà porté sur la philosophie, la sociologie, la socialité, la poïétique, la géopolitique…Mais pour cet ouvrage, c’est l’imaginal esthétique qui m’habite et que j’aimerais tant solliciter, dans les énonciations des voix homophoniques et des temps poétiques, toutes composantes confondues, à la quête d’un Orient latent, enfoui, de surcroît, exalté et sublimatoire ».
Elève du philosophe et sociologue André Akoun, c’est sous sa direction que Mohamed Zinelabidine a soutenu sa thèse de doctorat en « sociologie culturelle et politique» à l’Université René Descartes, Sorbonne-Paris V. C’est là qu’il a été élève de Michel Maffesoli dont il a suivi les cours de licence et de maîtrise en « socialité ». Ce qui explique, en partie, l’approche plurielle, complexe et inductive de Mohamed Zinelabidine, c’est qu’elle puise dans l’intellect et le sensible, nés de sa condition d’artiste-chercheur.
Mohamed Zinelabidine, universitaire- chercheur et ancien ministre tunisien des Affaires culturelles, est récipiendaire de la Médaille du Président de la République italienne, 2001. II a été élu « Personnalité culturelle de la Méditerranée de 2001 » en Italie. Nouvellement élu « Personnalité culturelle de 2008 » par l’Institut des droits de l’homme – Rome -Italie. Il a obtenu « Le Prix de la Culture méditerranéenne en 2018 », remis par Michèle Capasso, président de la Fondation de la Méditerranée de Naples-Italie dont il est devenu ambassadeur de la culture pour la paix, à partir de 2024. Il est aussi « Grand Officier de l’Ordre national tunisien du mérite culturel en 2019 ». Auteur de 10 ouvrages sur « L’Impensé », il a été directeur scientifique de 25 ouvrages collectifs dont le « Dictionnaire critique des concepts culturels », « Le Dictionnaire critique des politiques de développement culturel » et « Dictionnaire critique, questions autour de l’Impensé ».

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