Après une grande mobilisation de la société civile et un long combat féminin, la Tunisie se dote enfin d’une loi criminalisant les violences contre les femmes. l’Assemblée des Représentants du Peuple a finalement adopté à l’unanimité la loi organique de lutte contre les violences faites aux femmes. Cette nouvelle législation porte sur le harcèlement sexuel, punit toute forme de violence verbale, psychologique ou physique et condamne toute ségrégation à l’encontre des femmes. Elle a été accueillie par la majorité de la classe politique et par une importante partie de la population avec beaucoup d’euphorie et de fierté. La loi est enfin passée, mais notre société est-elle vraiment en mesure de concevoir l’importance d’une telle législation? La loi pourrait-elle changer aussi la mentalité pétrifiée d’une société qui permet aux hommes ce qu’elle interdit aux femmes, qui pardonne à l’homme parce qu’il est homme et scandalise la femme, par ce qu’elle » n’est qu’une femme« , comme nous l’avons entendu dans le paysage politique et comme nous l’entendons toujours et partout d’ailleurs? Il faut souligner que tout ceci fait partie d’un mode d’éducation discriminatoire, basé sur des valeurs que, selon la société, seules les femmes devraient respecter, les hommes en sont bien sûr dispensés. Puis, on s’étonne pour quoi certains hommes se sentent supérieurs aux femmes et certains autres n’ont absolument aucun respect pour elles même quand elles sont victimes de viol, ou d’harcèlement. En effet, on se presse de la marier, quand elle est violée et ce pour blanchir une réputation « immaculée« . Avec la nouvelle loi, le violeur ne risque plus l’impunité mais la victime subira également une sévère punition d’ordre social. Les femmes victimes de différentes formes de violence ont besoin certes d’un appui juridique mais aussi d’un climat social tolérant, convivial et protecteur. Une mentalité qui ne va pas à l’encontre de cette législation mais une véritable mentalité progressiste qui va de pair avec la législation, sinon toutes les lois ne seront de l’encre noire sur du papier blanc.
W.J