L’observatoire national tunisien des maladies nouvelles et émergentes vient de dévoiler le programme spécial de prévention de la maladie à virus Ebola. Il n’y a aucun «cas atteint» et ne sont considérés comme cas suspect que les patients revenant depuis moins de 21 jours d’un des pays où circule le virus Ebola (Guinée, Libérie, Sierra Leone et Nigeria) et présentant une fièvre supérieure à 38°5 C ou autres signes évoquant la maladie à virus Ebola. C’est donc aux frontières du pays que la vigilance doit être la plus grande.
Toujours selon l’observatoire national des maladies nouvelles et émergentes, il est nécessaire de faire le suivi et le contrôle sanitaire du patient suspect pendant trois semaines afin de s’assurer de son état de santé et confirmer ou infirmer son atteinte par la maladie.
Selon le dernier bulletin d’information de l’OMS, l’ampleur et la durée de la flambée de maladie à virus Ebola et le taux de létalité qui lui est associé ont engendré un niveau élevé de peur et d’anxiété dans l’opinion publique et cela bien au-delà de l’Afrique de l’Ouest. Ces réactions sont compréhensibles, compte tenu du taux de létalité élevé et de l’absence de vaccin ou de traitement.
L’OMS reconnait que la flambée de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest continue à prendre de l’ampleur avec 1.975 cas et 1.069 décès notifiés par la Guinée, le Libéria, le Nigéria et la Sierra Leone.
Des mesures préventives…
En Tunisie, le ministre de la Santé, Mohamed Salah Ben Ammar, a annoncé, lundi 4 août 2014, la mise en place d’un plan national pour lutter contre ce virus qui se propage rapidement en Afrique de l’Ouest et commence à atteindre d’autres régions.
Le ministère conseille aux Tunisiens d’éviter tout voyage dans les pays où des cas de fièvre hémorragique à virus Ebola sont avérés (Guinée Sierra Leone, Liberia, Nigeria), sauf obligation extrême. Le ministère explique dans une «fiche conseils aux voyageurs», qu’il s’agit d’une maladie grave souvent mortelle, causée par le virus Ebola. La maladie est transmise par le contact direct avec du sang ou autres fluides corporels (comme le salive, l’urine) provenant de personnes infectées, mortes ou vivantes. Vous pouvez être contaminé par un contact direct avec le sang, ou les fluides corporels d’animaux sauvages, morts ou vivants, tels que les singes, les antilopes des forêts ou les chauves-souris.
Les mesures à prendre pour les personnes se rendant dans l’un des pays où circule le virus Ebola (Guinée, Liberia, Sera-Leone, Nigeria) sont les suivantes: se laver les mains fréquemment au savon ou avec les solutions de lavage des mains hydro-alcoolique, éviter les contacts directs avec du sang ou d’autres fluides corporels des malades ayant une forte fièvre, ou des troubles digestifs, ou des hémorragies extériorisées par la bouche, le nez, ou les selles, éviter tous contact avec des animaux sauvages, ne pas consommer ni manipuler de viande de brousse, s’assurer que les produits consommés sont bien cuits (viandes) ou stérilisés (lait). Après le retour d’un pays où circule le virus Ebola, il faut contacter les services sanitaires aux frontières dans les différents aéroports, surveiller votre température durant trois semaines après votre retour en Tunisie, en cas de fièvre ou de symptômes évoquant la maladie à virus Ebola, contacter votre médecin traitant.
Comment se manifeste la maladie ?
La fièvre hémorragique à virus Ébola est une maladie virale aiguë se caractérisant, initialement, par des symptômes non spécifiques de type pseudo-grippaux: apparition brutale d’une fièvre supérieure à 38° C, une faiblesse intense, des douleurs musculaires, des céphalées et une douleur lors de la déglutition, une conjonctivite, une toux, des râles bronchiques, une augmentation de la taille du foie et de la rate.
Ces symptômes sont suivis de signes évocateurs au-delà de 5 jours après le début de la maladie, à type de diarrhées, de vomissements et des hémorragies au niveau de la peau. Au moment d’envisager un diagnostic de maladie à virus Ebola, il faut également penser à d’autres maladies comme le paludisme, la fièvre typhoïde, la shigellose, le choléra, la leptospirose, la peste, la rickettsiose, la fièvre récurrente, la méningite, l’hépatite et autres fièvres hémorragiques virales, fréquentes dans différents pays africains.
Y-a-t-il un traitement ?
Il n’existe encore aucun traitement ni vaccin spécifiques pour la fièvre hémorragique à virus Ebola. La prise en charge repose généralement sur un traitement symptomatique, c’est-à-dire qu’on va essayer de soulager les douleurs, la diarrhée, les vomissements, etc. En l’absence de traitement efficace ou de vaccin pour l’homme, la mise en œuvre et le respect des mesures de protection à prendre à titre individuel sont le seul moyen de prévenir l’infection.
D’où vient le virus ?
Les experts de l’OMS pensent qu’en Afrique, des chauves-souris frugivores (qui se nourrissent uniquement de fruits) sont les hôtes naturels du virus Ebola. Celui-ci passe de la faune sauvage à la population humaine lors de contact avec des chauves-souris infectées ou par le biais d’hôtes intermédiaires, comme des singes, des grands primates ou des porcs. L’homme peut ensuite s’infecter par contact avec des animaux contaminés lors de l’abattage, soit en consommant du sang, du lait ou de la viande crue ou pas assez cuite.
Le virus se transmet d’une personne à l’autre : par contact direct avec des liquides ou des sécrétions corporelles telles que l’urine, le sang, la sueur, la salive ou les vomissements. La contamination peut également se faire par exposition directe à des objets (aiguilles) qui ont été contaminés par les secrétions de patients. Il n’y a pas de transmission respiratoire du virus Ebola décrite chez l’homme.
Les sujets atteints restent contagieux tant que le virus est présent dans le sang et leurs secrétions, cette période pourrait durer jusqu’à 61 jours après le début de la maladie. La durée d’incubation varie de 2 à 21 jours, période où la maladie est silencieuse.
Le plan de riposte tunisien
Dans le cadre de la préparation et de la lutte contre une éventuelle importation et une transmission locale du virus Ebola, un plan de riposte a été élaboré. Il comprend, entre autres, la mise en place d’un dispositif permettant de repérer au niveau des aéroports, tous les passagers qui viennent de zones où l’on sait que l’infection à virus Ebola est présente. Les voyageurs qui arrivent avec une affection fébrile seront isolés dans un espace spécifiquement aménagé et seront ensuite évacués vers le service des maladies infectieuses le plus proche. Si la personne est asymptomatique, il faut recommander à la personne de surveiller sa température durant 3 semaines après son retour.
Il s’agit d’une action qui va être menée par les services sanitaires aux frontières en collaboration avec les services de l’OACA (office de l’aviation civile et des aéroports) et la police aux frontières.
– Le renforcement des mesures de prévention des maladies infectieuses avec mise à la disposition des services d’infectiologie des équipements de protection individuels spécifiques (protection couvrante, imperméable et étanche).
– La sensibilisation et l’information des professionnels de la santé
– Les précautions pour la manipulation du virus :
Le virus Ebola est un agent infectieux de classe 4, ne pouvant être détenu et manipulé que dans un laboratoire de même niveau. Des conditions réglementaires strictes s’appliquent pour le transport des échantillons cliniques susceptibles de contenir le virus (triple emballage, transporteur agréé, transport dédié).
– Conduite à tenir en présence d’un cas suspect :
en cas de dépistage d’un cas suspect, la déclaration de la maladie est obligatoire aux autorités sanitaires tunisiennes et l’hospitalisation des cas suspects de fièvre à virus Ebola seront dirigés vers les services des maladies infectieuses, de Tunis, Monastir, Sfax, Sousse et l’hôpital militaire de Tunis.
Principales mesures d’hygiène hospitalière : isolement obligatoire du malade en chambre individuelle, avec sas, avec, pour le patient, le port du masque chirurgical et pyjama à usage unique, pour l’équipe soignante une protection faciale (masque chirurgical et lunettes de protection largement couvrante), une surblouse propre, non stérile à manches longues et des gants (stériles pour certains actes médicaux). Pour éviter tout contact direct avec le sang et les liquides biologiques, la prévention des piqûres accidentelles et des blessures par des instruments pointus ou tranchants.
Samira Rekik