La tension diplomatique ne retombe pas entre Paris et Alger. Plus qu’une crise de réduction du nombre de visas accordés aux Algériens, elle est le témoignage d’un fossé de plus en plus grand entre les deux rives de la Méditerranée. Jusqu’où peut aller cette escalade verbale ?
« Il n’y a jamais eu 7 000 (Algériens à expulser). La France a évoqué avec nous plus de 94 (Algériens). Jamais il n’y en a eu 7 000 », a déclaré Abdelmadjid Tebboune ce dimanche soir, dans un entretien avec plusieurs médias algériens.
Il a en outre souligné que la France ne devrait pas traiter l’Algérie comme la Tunisie et le Maroc dans sa décision de réduire de façon draconienne le nombre de visas accordés aux ressortissants de ces pays.
« La réduction des visas est une question qui relève de la souveraineté de tous les États, y compris pour l’Algérie, à condition qu’elle respecte les accords d’Évian et les accords de 1968 qui dictent certaines mesures », a-t-il fait valoir.
*Les accords d’Évian
En vertu de ces accords, les Algériens bénéficient d’un régime spécifique qui facilite leur entrée en France, leur octroie une liberté d’établissement comme commerçant ou indépendant et un accès plus rapide à des titres de séjour valables 10 ans.
« Ne nous mélangez pas avec d’autres pays. (…) L’Algérie est un pays spécial » pour la France, a-t-il ajouté en répétant : « Il y a des accords qui nous lient. »
Il a détaillé les demandes d’expulsion présentées par Paris. « La liste qui nous est parvenue en 2020 et les trois listes en 2021 comptaient 94 cas, parmi lesquels 21 ont été acceptés et 16 autres rejetés », a assuré le président Tebboune.
« Ils ne vont pas rentrer (en Algérie) car ils sont liés au terrorisme. Ils sont venus de Syrie. (…) Il y a des binationaux qui n’ont pas de famille ici », a-t-il expliqué.
« Ces choses-là ne se règlent pas par le biais de la presse », a encore asséné le président algérien en ajoutant : « Je ne vais pas pérorer dans un journal pour le populisme et la campagne électorale. Il n’y a jamais eu 7 000 (clandestins algériens, NDLR), c’est complètement faux. »
La France a annoncé le 28 septembre une réduction de moitié des visas pour l’Algérie et le Maroc et d’un tiers pour la Tunisie, invoquant comme raison le « refus » de ces pays de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France.
(AFP)