Avec la « Vision 2030 », le prince Mohammed ben Salmane, dirigeant de l’Arabie saoudite, annonce une transformation sans précédent, où le royaume s’affranchira de sa dépendance au pétrole pour embrasser un avenir nouveau. Toujours est-il que derrière cette « Vision 2030 » et son épine dorsale, la mégalopole futuriste Neom, planifié à un coût dépassant mille milliards de dollars, se cachent des risques majeurs.
Défis financiers
Neom, baptisée « The Line », dévoile une structure futuriste s’étendant sur 170 kilomètres de long et 200 mètres de large, dépourvue de véhicules et alimentée entièrement par des sources d’énergie renouvelable. Tout ce qui y sera nécessaire sera accessible en moins de cinq minutes. Toutefois, cette audacieuse initiative, conçue en collaboration avec le cabinet de conseil McKinsey, affiche des signes de fragilité selon les experts.
Le pari du Fonds souverain
Le premier obstacle se dresse sur le plan financier. Bien que l’Arabie saoudite affiche une performance économique remarquable, avec la croissance la plus rapide au sein du G20 et un taux de chômage de 4,8%, le principal soutien financier de « Vision 2030 », à savoir le Fonds d’Investissement Public (PIF) du royaume, gérant un portefeuille de près de 700 milliards de dollars, a subi une perte inédite d’environ 11 milliards de dollars l’année précédente. Ceci survient alors que les retombées économiques potentielles des méga-projets tels que Neom et « The Line » pourraient ne se concrétiser qu’après de longues années pour Riyad.
Les régions rurales à la marge
Un second risque émerge au niveau social, touchant en particulier les régions rurales. Malgré le soutien des jeunes élites urbaines au projet « Vision 2030 », les habitants des zones rurales se montrent moins enclins à l’enthousiasme. Les tentatives du prince de faire progresser l’égalité entre les genres et d’assouplir l’emprise religieuse dans un pays profondément conservateur, berceau du wahhabisme, font face à de farouches résistances.
Fragilité du soutien des tribus nomades
En dernier lieu se trouvent les tribus nomades ayant consenti à quitter leurs terres pour faire place à Neom qui ne maintiendront leur engagement envers le dirigeant de la pétromonarchie que s’ils en tirent des avantages économiques tangibles, alerte Farea al-Muslimi, chercheur au sein du think tank britannique Chatham House. Certains membres de ces tribus s’opposent carrément au projet, au mépris des dangers que cela peut représenter.