Dans une première visite en Tunisie depuis 2011, le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, s’est rendu en Tunisie où il a rencontré le premier ministre tunisien, Mehdi Jomâa, le ministre de l’intérieur, Lotfi Ben Jeddou, le ministre en charge de la sécurité et d’autres responsables du gouvernement.
Cette visite intervient dans un « contexte particulier » selon Bernard Cazeneuve, qui l’a conduit à aborder essentiellement trois questions. La première se rapporte au processus démocratique dans lequel la Tunisie s’est engagée, qui a-t-il déclaré « s’est concrétisé ces deux derniers mois à travers deux étapes réussies, la première est celle de l’adoption d’une nouvelle Constitution en 2014 qui repose sur l’équilibre des pouvoirs permettant à la société tunisienne d’avoir la stabilité politique. La deuxième étape est celle de la tenue des législatives qui se sont déroulées dans un contexte de sécurité et avec une maturité démocratique qu’il faut saluer, surtout que les résultats n’ont pas été contestés. Ils ont été acceptés par ceux qui ont perdu les élections sans que ceux qui les ont gagnées n’affichent une volonté de domination. Ces évolutions témoignent d’une transition qui s’affirme et qui réussit, la France est très satisfaite de cette situation et veut témoigner de son amitié au peuple tunisien et au gouvernement tunisien qui a réussi cette transition. »
La deuxième raison de cette visite est la rencontre avec le ministre de l’Intérieur dans le souci de renforcer la coopération en matière de sécurité. « Nous avons décidé d’approfondir ce qui a déjà été engagé depuis 2008 et nous avons la volonté de faire en sorte qu’en matière de sécurité civile, de la gestion de crises et de protection des personnes, on pourrait accompagner la Tunisie dans la mise en place d’une école de formation dans le domaine de la protection et de la sécurité civile, nous avons un modèle français qui a été prouvé, qui, à travers les moyens accordés par la direction de protection civile et de gestion de crises pouvant engager une coopération. J’ai indiqué à mon homologue la volonté qui était la nôtre dans ce domaine qui est d’être à ses côtés, de mobiliser les compétences, de faire des formations… », a-t-il souligné. Et de poursuivre « nous avons décidé d’articuler nos actions concernant la lutte contre toutes les formes de criminalité sur le plan international, qui justifie une collaboration particulière entre nos pays. Il y aussi la lutte contre l’immigration irrégulière qui constitue un enjeu considérable pour notre pays, la France a augmenté de 30% le nombre de filières d’immigration irrégulière démantelées en 2013 et 2014, c’est une priorité pour le gouvernement. Compte tenu de l’implantation de ces filières en Libye notamment, nous avons des actions à conduire ensemble, nous avons aussi à agir pour faire en sorte que ces filières qui s’organisent parfois sur Internet puissent être démantelées.
Le trafic de stupéfiants nous conduit dans le domaine de la cybercriminalité. En matière de formation et de coopérations entre nos forces de sécurité nous avons encouragé la Tunisie dans le cadre du conseil de l’Europe à rejoindre la fédération des polices de l’institution militaire qui est une fédération que préside la France et à laquelle la Tunisie a vocation à nous rejoindre. »
Le troisième sujet évoqué lors de cette visite est la lutte contre le terrorisme. Dans ce cadre, le ministre de l’Intérieur français précise « Elle nous concerne conjointement, d’abord car nos deux pays peuvent être mis en danger par des actions terroristes, nous sommes aussi concernés car dans les deux pays nous avons des ressortissants qui s’engagent dans des groupes terroristes notamment en Irak et en Syrie, mais aussi en Libye, et peuvent revenir sur notre territoire représentant un danger sécuritaire pour nos propres pays et puis nous avons des dispositions à prendre ensemble pour faire en sorte que dans le domaine de la déradicalisation, dans le domaine de la prévention du départ, dans le domaine de la coopération de nos services de renseignements, pour prévenir des actes terroristes.
Hajer Ajroudi