Visite d’Etat de Béji Caïd Essebsi en France : Belles paroles et promesses vagues

Malgré un accueil  en grande pompe, de beaux  discours et de nombreux entretiens effectués avec les responsables français, la visite d’État effectuée les 7 et 8 avril derniers en France par le Président Béji Caid Essebsi, nous a laissés sur notre faim. On a eu juste droit à des promesses vagues de renforcement de la coopération dans le domaine économique, culturel et, surtout, sécuritaire.

Une visite, dont le premier jour a été gâché par un nouvel attentat terroriste entraînant la mort de cinq soldats dans une embuscade dans la région de Kasserine, conférant de surcroît à la coopération sécuritaire entre les deux pays une importance particulière. Même si les deux présidents ne sont pas allés dans les détails, il semble que ce dossier a constitué le menu principal de cette visite.

Le Président Hollande a mentionné des «échanges de renseignements» et un renforcement de la coopération pour assurer la sécurité de la frontière tunisienne.

Interrogés sur des négociations tripartites avec les Émirats arabes unis pour l’acquisition d’armes par la Tunisie, les deux chefs d’Etat sont restés évasifs.

«On ne peut pas parler de choses qui n’ont pas été réalisées», a déclaré M.  Béji Caid Essebsi. Le Président français s’est contenté d’affirmer  « qu’il appartenait à la Tunisie de savoir comment elle veut être accompagnée et par qui».

Pourtant,  M. Taïeb Baccouche, ministre des Affaires étrangères a confirmé, dans des déclarations aux médias, l’existence de négociations avec la France et les Émirats arabes unis pour permettre à la Tunisie  l’acquisition d’armes pour protéger ses frontières et mieux équiper ses forces armées et de sécurité.

Dans le contexte difficile que connaît la Tunisie, le volet économique aurait pu constituer une très bonne opportunité pour engager une grande opération de sensibilisation et de lobbying pour relancer la coopération et le partenariat tuniso-français. Cela se justifie à plus d’un titre, la France étant le premier partenaire économique de la Tunisie, le premier investisseur, le premier fournisseur et le premier marché pour les produits tunisiens. Ce qui a le plus surpris, dans sa visite d’Etat, M. Essebsi n’a pas été accompagné d’une délégation d’hommes d’affaires, ce qui aurait pu être utile pour relancer l’intérêt pour le site tunisien des affaires, dont l’image a été fortement écornée par les attentats terroristes successifs.

Petites  promesses

En lieu et place, on s’est contenté  de bonnes intentions et, au passage,  de quelques petites promesses. Il est vrai que dans les déclarations qui ont précédé ce voyage, le président de la République a réaffirmé qu’il ne demande rien et que la Tunisie ne peut que compter sur elle-même. Dans le cas d’espèce, il aurait été légitime de plaider, un peu plus fort, le dossier du renforcement de la coopération et du partenariat tuniso-français, il est vrai stratégique. D’ailleurs, à la veille de sa visite, M. Essebsi reconnait clairement dans une interview au journal Le Monde que  « La France est notre premier partenaire, nous souhaitons qu’elle comprenne mieux le problème de l’économie tunisienne qui peine à se redresser ».  Au bout du compte,  le résultat annoncé ne fut guère surprenant. Il est resté en conformité avec son caractère par trop diplomatique.

Le Président Hollande a annoncé une conversion des dettes tunisiennes de 60 millions d’euros en investissements. Cette mesure ne fut pas une première. Elle a été déjà annoncée dès 2013 par le Président français lors de la visite qu’il a effectuée en Tunisie. Ensuite, que représente cette somme dans le total de la dette tunisienne vis-à-vis de la France ? Juste un niveau symbolique, pas plus.

M. Hollande admet que « La France doit faire plus que cela, elle doit mobiliser l’Europe, mobiliser la communauté internationale pour la Tunisie ».  En guise de compensation et après les fausses promesses du sommet de Deauville de 2012. Le Président tunisien participera en juin prochain au G7  qu’abritera l’Allemagne. L’on espère, que cette fois, la communauté internationale arrivera à mettre ses actes en conformité avec ses paroles.

Toujours sur le plan économique, promet le Président Hollande, «  la meilleure aide que nous puissions apporter à la Tunisie, c’est de convaincre les entreprises françaises d’agir et d’investir ». Pour le secteur touristique, en berne sur ce marché, avec notamment une baisse de presque 60% des réservations, on a eu droit à des paroles, rien que des paroles.  «Une fois encore, j’appelle tous mes compatriotes qui aiment la Tunisie à y venir», a lancé le Président français.

Au-delà de toutes ces considérations, la visite d’État de Béji Caïd Essebsi à Paris, est venue à point nommé  pour dissiper quelques malentendus et ambiguïtés nés depuis l’élection présidentielle de 2014.

« Il y a eu le soutien explicite à mon adversaire dans la campagne électorale. C’est comme ça. Moi, j’avais pour soutien les Tunisiens et, surtout, les Tunisiennes » a déclaré sans détours M. Essebsi à Paris Match quelques jours avant son voyage parisien.

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