Voulant marquer son soutien au processus de transition en cours, le souverain marocain, Mohamed VI, effectuera demain une visite officielle en Tunisie, la première depuis le 14 janvier 2010.
Le Royaume du Maroc a constitué un passage incontournable pour les trois présidents de la République tunisienne (Bourguiba, Ben Ali et Marzouki). Dès son accession à la présidence de la République, Moncef Marzouki a effectué une visite officielle au Royaume (février 2012). Le nouveau chef du gouvernement, Mehdi Jomâa, s’est également rendu au Maroc (février 2014) pour sa deuxième visite à l’étranger après l’Algérie.
La partie marocaine a été représentée à Tunis par son chef du gouvernement Abdelilah Benkirane (mai 2012) et par le représentant personnel du souverain, Moulay Rachid, à l’occasion de l’adoption de la Constitution. Une commission mixte tuniso-marocaine a précédé ces rencontres, à Rabat, réunissant Benkirane et l’ex. Chef du gouvernement de la Troïka, Hamadi Jebali.
Le souverain est donc attendu le 30 mai. Une visite qui a suscité l’intérêt des uns et la curiosité des autres. Plusieurs acteurs tunisiens et étrangers se sont posé des questions sur les circonstances de la visite, puisqu’il s’agit de la première depuis la Révolution. «La Tunisie représente pour le Maroc une neutralité positive, voire un équilibre dans la région. Cette visite vient non seulement renforcer l’amitié entre les deux pays, mais également inciter à contribuer à l’établissement du Maghreb des peuples. Cette visite pourrait être bénéfique pour le rapprochement entre le Maroc et l’Algérie», a-t-on appris de bonne source. «cette visite apporte un message de soutien au processus de transition», ont affirmé les mêmes sources.
Pour Ahmed Mizab, président algérien de la commission mixte algéro-africaine et expert dans les affaires stratégiques, cette visite aura un impact positif sur la situation économique tunisienne et pourrait constituer une source de coopération dans le domaine économique. «Cette visite serait fructueuse pour la Tunisie sur le plan des projets et des accords financiers», a-t-il affirmé.
«Le Maroc a toujours été un partenaire stratégique pour la Tunisie qui veut tirer profit de l’expérience marocaine dans tous les domaines», un optimisme également affiché par le chef de la diplomatie étrangère de la Tunisie, Mongi Hamdi. À l’occasion de la visite officielle du Roi en Tunisie, l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) et la Confédération générale des employeurs marocains (CGEM) organiseront un Forum économique Tunisie-Maroc, à la veille de la visite, au siège de l’UTICA.
Positionnement économique
Plus de cinquante accords et conventions ont été signés entre les deux parties. D’autres accords ont réuni plusieurs États arabes, dont les deux pays, notamment l’accord portant sur la création d’une zone de libre-échange (1991) et la Convention d’Agadir (2004). Le Maroc a été classé premier en matière d’indice de mondialisation.
Dans son rapport Le Maroc et la Tunisie depuis le Printemps arabe : des chemins divergents, l’agence de notation britannique Fitch a qualifié la notation financière au Maroc «d’inchangée», constatant que sa politique en 2011 a reflété une transition vers un système plus ouvert. Sa situation politique est restée stable en raison du pluralisme politique et de la permanence de la monarchie, indique le rapport. «Il existe des espaces importants de liberté au Maroc», nous a affirmé le cousin du Roi, Moulay Hicham, en marge d’une conférence tenue en mai par sa fondation à Tunis.
Le Maghreb des peuples est plus que jamais une nécessité pour relancer le Maghreb des économies et l’économie isolée est un concept dépassé.
Chaïmae Bouazzaoui