Vive la 2ème République

La fin du cauchemar et le début de l’espoir…

Tout d’abord, je souhaite une Bonne année 2015 aux lecteurs de Réalités et à tous mes compatriotes tunisiens. Le scrutin du 21 décembre a donné Béji Caïd Essebsi, disciple de Bourguiba, vainqueur à l’élection présidentielle (avec 55,68% des voix) contre Moncef Marzouki, le président sortant (avec 44,32% des voix).

 

Ainsi se termine la deuxième Révolution tunisienne, la première, dirigée par le Mouvement national contre le colonialisme français, avait débouché le 20 Mars 1956 sur la proclamation de l’Indépendance. Il aura fallu quatre longues années de sang, de souffrance et de lutte pour arriver au point où nous en sommes aujourd’hui depuis la fuite de l’ancien président Ben Ali, le 14 janvier 2011, chassé du pouvoir par le mouvement révolutionnaire déclenché le 17 décembre 2010 par l’immolation de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid.

 

Les derniers soubresauts : dès les premiers résultats officieux du scrutin connus, le 22 décembre, des incidents provoqués par les opposants à Béji Caïd Essebsi, attaques de postes de police et de la Garde nationale ont eu lieu dans le Sud du pays (Ben Guerdane, El Hamma, Tataouine, Kebili…) et dans le Nord, au Kram, quartier général des Ligues de protection de la Révolution, et à Douar Hicher, la cité rebelle bien connue où 27 takfiristes ont été arrêtés. Et ce, malgré les appels au calme lancés par Moncef Marzouki, Rached Ghannouchi, BCE, le Quartet (réuni en urgence) et Mehdi Jomâa qui a donné l’ordre aux forces sécuritaires de rétablir la situation.

Dans le même temps, des recours ont été déposés auprès du Tribunal constitutionnel pour protester contre le déroulement des élections par diverses personnes, tous ont été rejetés par le Tribunal et les résultats du soutien confirmés officiellement, mettant fin à ce combat d’arrière-garde.

 

C’est pendant ce laps de temps que s’est placée la tentative de Sihem Ben Sedrine, la très contestée présidente de l’Instance “Vérité et Dignité” (IVD) —on se souvient des démissions fracassantes de Noura Boursali et de Khemaïs Chammari de ladite instance— de “déménager” discrètement les archives de la Présidente de la République, conservées au Palais de Carthage, jusqu’au siège de l’Instance à Montplaisir. Heureusement la tentative a avorté et, quand SBS s’est présentée à la porte du Palais avec six gros camions, elle s’est heurtée au SG du Syndicat de la sécurité présidentielle, Hichem Gharbi, qui l’a autorisée à entrer, mais sans les camions ! En effet, si l’IVD, instance élue par l’ANC dans le but d’éclaircir les circonstances dans lesquelles des opposants aux divers régimes qui se sont succédé depuis l’Indépendance ont été torturés, voire assassinés, et de leur rendre justice, pourra avoir accès aux archives de la République au fur et à mesure que ces dépassement pourront être soumis à l’étude de la Justice transitionnelle, il n’est nullement question de les laisser emporter dans un local autre que, par exemple, le siège des Archives nationales ou un autre local dûment sécurisé et gardé par les autorités sécuritaires de la République, comme cela s’est fait dans divers pays de l’Europe de l’Est, en Amérique centrale ou en Afrique du Sud.

Cette tentative a été le sujet de plusieurs plateaux de télévision où des juristes et des hommes politiques se sont exprimés, rendant hommage à la perspicacité de la Garde présidentielle, on a noté notamment les déclarations du doyen Sadok Belaïd qui a expliqué que tout document relatif à la période concernée pourra être consulté sur place, éventuellement photographié, mais en aucune façon emporté hors de l’enceinte sécurisée, le Doyen est allé plus loin en déclarant que, dans cette tentative, SBS a été peut être “l’arbre qui cache la forêt”, ce que d’ailleurs Aziz Krichène, ancien conseiller principal de Moncef Marzouki à la Primature démissionnaire, a renforcé en déclarant, dans une interview à La Presse du 21/12, que la patronne de l’IVD “n’a peut être pas tenté cette opération de son propre chef”.

 

La passation de pouvoir entre les deux présidents et la prestation de sommet de BCE se sont déroulées au cours de deux cérémonies, au siège de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) et du Palais de Carthage, dans les meilleures conditions. L’arrivée de la Nouvelle année 2015 et la célébration du Mouled ont été l’occasion pour les Tunisiens de se réjouir et de faire des vœux en ce début d’année… tout en étant conscients que toutes les bonnes volontés ne seront pas de trop pour régler les problèmes qui restent en suspens : lutte contre la pauvreté, le chômage, le terrorisme etc, amélioration du niveau de vie de nos concitoyens, reprise de l’économie du pays et retour des touristes sont au programme de la Tunisie nouvelle, avec le retour des investisseurs, locaux et étrangers.

 

La prochaine étape, avec le choix du nouveau  chef du gouvernement. Je souhaite, pour ma part, qu’il soit proche du Président de la République, et que  dans le futur gouvernement, les ministères de l’Intérieur, de la Défense et de la Justice soient attribués à des hommes de confiance, pour “nettoyer les écuries d’Augias”… Les autres portefeuilles peuvent être attribués à des membres des partis qui se sont joints à Nidaa Tounes, sans oublier les femmes que BCE a saluées en premier dans son discours à la Nation le soir de son investiture…

Quant à moi, j’attends avec confiance, certain qu’une fois encore, Si El Béji ne nous décevra pas.

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