La crise du lait semble avoir repris de plus belles, avec des produits qui manquent encore dans les grandes surfaces et les petits commerces. Dans une déclaration accordée à Réalités Online ce lundi 24 septembre 2018, le chargé de la production animalière au sein de l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP), Yahia Messaoud, a indiqué que la situation est catastrophique. La hausse des prix qui va profiter aux producteurs,décidée en juillet dernier, est insuffisante.
Cette décision, poursuit-il, a été tardive. Il explique que les éleveurs ont cédé près du tiers de leurs vaches laitières pour faire face à la crise, et c’est sans compter les 12 000 têtes de bétails cédées par les éleveurs et la hausse des coûts de production. Yahia Messaoud a, dans ce même contexte, rappelé que l’UTAP a présenté une stratégie pour le remplacement de ces 12 000 têtes de bétails : une enveloppe de 33 MDT accordée par l’Etat pour les indemnisations. L’argent est disponible. Or, depuis l’été, rien n’a été fait selon le responsable de l’UTAP.
La véritable problématique réside dans le manque de production. « Le ministère du commerce envisage d’importer 10 millions de litres de laits, sachant que cette quantité ne représente même pas 5 jours de stocks », a-t-il précisé.
Dans ce même contexte, il a rappelé que la production était de 2 millions de litres de lait part jour, avec un surplus situés entre 20 et 30 millions. « Ce rythme a été revu à la baisse en raison des vaches laitières revendues par les éleveurs. Il faut donc remplacer ne serait-ce que 10 000 têtes de bétails, ce qui va permettre d’assurer une production de 5 millions de litres. Pour le gouvernement, il ne s’agit nullement d’une crise alors que c’est le cas. La solution réside dans le remplacement des têtes de bétail. Toute importation de lait constituera un coup dur pour la filière laitière en Tunisie », a-t-il encore souligné.
Les raisons de la pénurie selon le gouvernement
Côté gouvernement, par ailleurs, les ministres de l’Agriculture et du Commerce ont catégoriquement démenti toute hausse des prix du lait. L’importation de « l’or blanc » ne sera que temporaire, et elle ne sera effectuée que dans l’objectif de réguler le marché. Les deux responsables ont aussi appelé les consommateur à éviter toute ruée inutile vers le lait et à rationaliser leur consommation.
Les ministres ont, dans ce même contexte, reconnu l’existence d’un certain nombre de perturbations dans le secteur. La baisse de la production observée, selon eux, a été causée par la sécheresse, la contrebande de vaches laitières. Par conséquent, les stocks stratégiques ont été affectés, se chiffrant désormais à 20 millions de litres contre 50 millions en 2017, et c’est sans compter la hausse de la demande qui coïncide avec la rentrée scolaire et la poursuite des activités touristiques.
Pour faire face au manque du lait demi-écrémé, le ministre du Commerce, Omar El Behi, a annoncé que l’approvisionnement a été renforcé à hauteur de 250 000 litres supplémentaires chaque jour, et ce depuis le 10 septembre courant. Dans ce même contexte, les opérations de contrôle ont été renforcées pour traquer les manipulateurs et les monopoles qui sont en grande partie à l’origine du manque du précieux aliment.
D’un autre côté, poursuit le ministre, l’accent a été mis sur la lutte contre la contrebande de vaches laitières. A cet effet, une circulaire commune a été publiée en vue de renforcer les opérations contrôles. Elle a été conjointement élaborée par les ministères de l’Intérieur, des Finances, du Commerce, de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques, et ce depuis avril 2018.
D’autres mesures ont été prises, à l’instar de la hausse de la prime de l’engraissement des veaux qui est passé de 150 à 300 TND par tête de bétail, ce qui a coûté à l’Etat, selon les ministres, près de 1 MDT. Le coût du transport du foin a lui aussi été revu à la hausse, passant de 3,5 à 7 millimes par kilomètre. Pas seulement : dans le cadre du projet de loi de Finances 2019, 10 MDT seront débloqués pour l’exécution d’un programme spécial visant à renflouer l’effectif des troupeaux.