Vote de confiance: Le oui…mais… de l’ARP  

 

Le vote de confiance du gouvernement au sein de l’ARP a donné lieu à des débats houleux et n’a pas été sans heurts notamment au sein des représentants d’un même parti. Les raisons sont diverses, chacun y allant de son argumentaire et au final, le gouvernement réussira son examen de passage avec 166 votes favorables.
Les divergences entre les représentants d’un même parti – Nidaa Tounes –  ou le refus de certains d’entre eux de voter pour le gouvernement, semblent trouver leurs raisons notamment dans une déception personnelle, n’ayant pas de place dans cette équipe, le refus de certains noms, ou le rejet total de la participation d’un parti déterminé ou encore, et c’est moins explicite, la déception que certaines compétences ou relations personnelles exclues de la deuxième copie d’Essid…

 

Des raisons de contester

A l’exemple du député d’Ennahdha, Habib Khedher, qui remettait en cause la conformité même du gouvernement à la Constitution, certains représentants du peuple semblaient ne pas être à jour. Khedher mettait en question la nomination d’un secrétaire général du gouvernement, fonction rectifiée avant la présentation de l’équipe Essid, prétextant que «Cette équipe gouvernementale est anticonstitutionnelle, l’article 89 de la Constitution permet la nomination des ministres et des secrétaires d’Etat, mais ne permet pas de choisir un secrétaire général du gouvernement ». Totalement hors de propos.

Le nombre de ministres et de secrétaires d’Etat a été également critiqué de la part de certains députés, comme ce fut le cas pour Bochra Bel Haj Hmida qui a indiqué dans son intervention «qu’elle aurait souhaité voir un gouvernement réduit ». Un souci partagé par Zied Lakhdher, du Front populaire.

Point essentiel de la fronde contre  la composition de l’équipe gouvernementale, la participation d’Ennahdha. Le groupe Front populaire, et ce n’était pas une surprise, refusa en bloc d’accorder sa confiance au gouvernement. Zied Lakhdher justifiera cela en affirmant que « le Front populaire a été la victime de la violence et du terrorisme (NDLR : à l’ère de la Troïka) Certains députés de l’ANC (l’ancien parlement) refusaient de dire que Chokri Belaid était un martyr . On ne peut cautionner, aujourd’hui, la présence du chef de file de l’ex-Troïka dans le gouvernement ». Le Front populaire met également en cause le déroulement des consultations. C’est un simple « partage partisan ».

Certains ministres du gouvernement ont subi l’ire des représentants du Front populaire, pour leur passé ou pour des accusations se rapportant à leur passé. Ahmed Seddik s’en prendra à Najem Gharsalli. Zied Lakhdhar quant à lui, soulignera que « l’association des magistrats tunisiens, exprime des réserves sur certains  noms dont le ministre de l’intérieur, lui-même, ancien juge ».

La fronde des représentants de Nidaa Tounes à l’ARP était dirigée contre la présence d’Ennahdha. Sept d’entre eux ont refusé d’accorder leur confiance au gouvernement. Résultat : 4 Abstentions, 1 Contre, 2 n’ont pas voté.

Plusieurs autres représentants ont parlé de pressions subies par Habib Essid dont le président du parti El Moubadra qui a exprimé ses inquiétudes face à l’exclusion de son parti et en a incombé la raison au fait que « ce n’est pas Habib Essid qui a vraiment formé le gouvernement, mais plutôt certains partis de gauche ».

 

En attendant le programme

Bien qu’Habib Essid n’ait donné que les grandes lignes de son programme d’action, il n’a pas été épargné par les critiques. Les raisons en sont principalement un programme libéral, offrant plus de promesses que de décisions précises. On ira jusqu’à le comparer à celui proposé par les gouvernements de la Troïka ou, pire encore, une copie des programmes de l’ancien régime.

Zied Lakhdhar évoquera dans ce contexte « la privatisation de l’éducation et de la santé. Action qui a eu un impact négatif sur les écoles et les hôpitaux publics ». Dans le même sens, Mbarka Brahmi qualifiera le gouvernement «de libéral» et qui risque d’échouer comme ce fut le cas pour la Troïka ou l’ancien régime.

On attendant la divulgation du programme d’action du gouvernement pour son mandat, la machine doit se mettre à l’œuvre sans attendre. La situation est explosive et ce qui se passe dans le sud du pays n’en est que l’infime illustration.

Adnen Hajji, (indépendant)

Je n’ai aucune critique à l’encontre du gouvernement. De mon côté je ne défends que la Patrie et le drapeau tunisien. Je suis certain que tout le monde va finir par s’entendre et que les choses se stabiliseront.

Nourredine Ben Ticha, (Nidaa Tounes)

Il n’y a pas eu l’unanimité au sein du parti par rapport à la participation d’Ennahdha au gouvernement. La majorité n’a d’ailleurs pas été d’accord. Il y avait deux points de désaccord. Le premier concernant la participation d’Ennahdha et qui était partagé entre refus, abstention et compréhension. Le deuxième point  porte sur le nombre de ministères ayant échu à chaque parti.  Et là, la déception et le mécontentement sont perceptibles dans les rangs du parti majoritaire.

Personnellement, je n’aurai pas souhaité voir Ennahdha au gouvernement, mais je n’en fais pas un drame. Le gouvernement rassemble des personnes respectables, d’un certain niveau et j’en apprécie la majorité.

Hayat Kbayer, (Nidaa Tounes)

Beaucoup de Nidaiste commentent la formation du gouvernement en disant que Nidaa est devenu Ettakatol au sein de la Troïka et je ne suis pas d’accord. Le paysage politique nous oblige à faire participer Ennahdha.  Il y a eu des pressions aussi. Les différends au sein de Nidaa Tounes m’inquiètent. J’aurai voulu que le parti reste fort surtout que le gouvernement est en majorité de Nidaa Tounes. Ces tensions résultent des ambitions et peuvent fragiliser le parti.

Quant à la composition du gouvernement, je n’en suis pas tout à fait convaincue, car il existe des compétences que j’aurai aimé y voir, mais je respecte les choix du Chef du gouvernement désigné. Maintenant, il nous faut donner du temps au gouvernement pour qu’il se mette à l’ouvrage, à savoir 100 jours. Puis viendra le temps des comptes.

 

Hajer Ajroudi

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