Yasmina Khadhra brigue la présidence

Quelques mois avant les échéances présidentielles algériennes, les candidatures commencent à se faire annoncer. Même si les rumeurs fortement propagées confirment la candidature du président actuel, Abdelaziz Boutaflika et qu’en Algérie le président devrait être appuyé par les généraux, l’ambition ne manque pas à l’élite algérienne.

Ainsi, l’écrivain algérien de Les Hirondelles de Kaboul, L’attentat et L’automne des chimères, Mohammed Moulessehoul, alias Yasmina Khadra, a déclaré son intention de se présenter en indépendant et sans le soutien d’aucun parti politique, aux élections présidentielles en avril 2014. Il annonça au Figaro «Je confirme me porter candidat à l’élection présidentielle algérienne de 2014 (…) mon but est simple : faire changer les choses en Algérie. J’ai 99% de chances de ne pas être élu, mais je veux jouer cet espoir» en assurant avoir le soutien de la jeunesse et des femmes. La loi algérienne exigeant 60.000 signatures à travers 25 gouvernorats départagés en 1500 dans chaque gouvernorat pour se présenter en candidat indépendant, Yasmina Khadra affirme qu’il va entamer la campagne de la récolte des signatures.

Un débat interdit
Mais d’aucuns se demandent si le climat est propice à la démocratie quand les autorités viennent à peine de censurer un débat dans les pages du journal El Watan.
Ainsi, les débats annuels organisés par El Watan, quotidien algérien, et prévus pour le 9 novembre, ont été interdits par les autorités qui ont opposé des obstacles à leur organisation. Les débats devaient tourner autour du thème «Statu quo autoritaire – quel coût pour l'Algérie ? ». L’Office du centre Riadh El-Feth, où devait se tenir les débats, a envoyé un courrier au journal, exigeant une autorisation de la part du gouvernorat pour l’organisation de l’évènement. Ce qui a été perçu et déclaré par le journal comme «Des instructions fermes qui ont été adressées (le 6 novembre) aux différents services pour interdire et (ou) empêcher la tenue des débats d'El Watan». La correspondance a, en effet, été émise la veille d’un week-end et alors que le journal avait réservé la salle depuis le 27 octobre dernier. Cette autorisation n’a jamais été par ailleurs exigée par le passé, alors que le débat se tient tous les ans depuis 2005.
Omar Belhouchet, directeur de la publication d’El Watan a déclaré dans les pages du Monde à ce propos «C'est une grave atteinte à la liberté de la presse et d'expression.»
Hajer Ajroudi

Mauritanie
Scrutin sur fond d’accusations

Après crises, menaces de boycott de la part de l’opposition et deux reports en deux ans, les élections municipales et législatives auront lieu le 23 novembre prochain. La campagne a par ailleurs été ouverte jeudi dernier à minuit.
147 députés et 219 conseils municipaux seront élus de différents partis politiques à l’exception des militants de la coordination de l’opposition démocratique, constituée d’une dizaine de partis, qui persistent dans le boycott. Un quart de la population ne pourra néanmoins pas y participer puisqu’elle n’est pas enrôlée selon Mohamed Ould Maouloud, président de l’Union des forces de progrès. L’enrôlement donne accès à la nouvelle pièce d’identité permettant l’inscription sur la liste électorale.
Des accusations auxquelles répond Mohamed Yahya Ould Horma, ministre de la Communication, en faisant état de l’inscription de plus d’un million de citoyens, d’où 70% de la population en âge de voter.
Une autre raison est présentée justifiant le boycott : la mise en place unilatérale du calendrier électoral par le pouvoir et le manque des garanties de transparence. Et la réponse vient d’Ahmed Ould Cheikhna, chargé de communication à l’Union pour la République, le parti au pouvoir, qui déclare l’existence d’un nombre d’améliorations sensibles sur le dispositif institutionnel. Il ajoute «L'encadrement du vote des militaires et surtout la pérennisation d'une commission électorale nationale indépendante régissant les élections en Mauritanie. Nos amis de l'opposition ne craignent-ils pas plutôt le verdict des urnes ?»
Mohamed Mbarek, du parti Tawassoul, déclare quant à lui : «nous irons aux élections pour préserver les acquis de l’opposition au niveau du Parlement et des communes.»
Et de poursuivre « La Coordination de l’Opposition démocratique (COD)  est minoritaire dans l’actuel Parlement, mais elle est considérée comme majoritaire en raison de son discours franc et de ses dénonciations des failles du régime. Nous voulons donc préserver ces acquis et  servir encore le peuple à travers le Parlement et les communes. Ces tribunes n’appartiennent, ni au régime, ni à Mohamed Ould Abdel Aziz, elles appartiennent plutôt au peuple mauritanien.  Ceux qui y sont,  représentent le peuple.»
Ce n’est pas pour autant que Mohamed Mbarek n’appuie pas le camp de l’opposition, boycottant les élections dans leurs accusations de manque de transparence. Il souligne à cet effet : «Mais nous sommes persuadés que les conditions de transparence requises ne sont  pas réunies : les chances ne sont pas égales pour tous les partis et  l’Administration, la Justice,  le Gouvernement  et la CENI  ne sont pas du tout neutres.»
Mohamed Mbarek donne des exemples «Et puis  tous les indices montrent qu’on va être mené vers des élections non transparentes. Je vous donne un exemple : quatre ministres du gouvernement sont candidats  et c’est ce même  gouvernement qui a décrété l’instance qui devra observer les élections, à savoir l’Observatoire national pour la supervision des élections. Alors, comment le gouvernement peut-il être juge et partie la fois ?!»
H.A

Maroc
Sahara occidental, entre les États-Unis et l’Algérie

À peine deux semaines après la crise diplomatique avec l’Algérie autour du Sahara occidental et quelques jours avant la visite du secrétaire d’État américain John Kerry au Maroc, le roi Mohamed VI enchaîne les déclarations présentant sa vision d’un Sahara occidental qui serait le prolongement africain du royaume. Simple guerre diplomatique ou réel projet ?

En effet, le Conseil économique et social marocain a publié, la semaine dernière un projet de développement proposant un «nouveau modèle» pour la région du Sahara occidental, revendiquée par les indépendantistes du Front Polisario.
Selon Nizar Baraka, le président du Conseil,  «le rapport expose l’étude de plusieurs secteurs dont les énergies renouvelables, le secteur de la pêche, l'agriculture, les industries de transformation des produits de la mer, la logistique, le tourisme et surtout le développement du tourisme écologique.»
Près de 14 milliards d'euros d'investissements publics et privés sont alloués à ce projet qui créera 120.000 emplois sur dix ans. Le rapport fourni par le Conseil doit maintenant être exposé au gouvernement et aux parlementaires. Rappelons que le Maroc propose comme solution à la crise du Sahara occidental, qui dure depuis des décennies, une autonomie sous sa souveraineté. Les indépendantistes du Polisario la rejettent et sont soutenus par l’Algérie. Un référendum d’autodétermination est revendiqué.
Commémorant la marche verte ayant eu lieu en 1975, Mohamed VI a évoqué dans son discours Alger et Washington, s’interrogeant sur l’existence d’une crise de confiance entre le Maroc et certains centres de décision, concernant la question des Droits de l’Homme au Sahara.»
Ainsi, le roi marocain revient sur les tensions qui ont eu lieu avec Alger lors de son discours donné le mercredi 6 novembre et déclare «que Rabat n’avait pas à recevoir de leçon surtout de ceux qui «bafouent systématiquement les Droits de l’Homme». Et d’enchaîner «Quiconque souhaite surenchérir sur le Maroc n’a qu’à descendre à Tindouf et observer, dans nombre de régions alentour, les atteintes portées aux Droits humains les plus élémentaires.»

Mohamed VI bientôt aux États-Unis
La question sera, discutée aux États-Unis, entre Barack Obama et Mohamed VI qui y effectuera une visite le 22 novembre prochain. Il s’agit de la première visite du monarque marocain depuis l’arrivée au pouvoir de Barack Obama et elle est fortement liée au sujet du Sahara. Suite à un échange de lettres traitant du sujet, la présidence américaine a déclaré que Barack Obama a invité le roi à Washington et a exprimé son impatience à poursuivre leur conversation en tête-à-tête.
Le soutien aux transitions démocratiques, la promotion du développement économique au Moyen-Orient, la lutte contre le terrorisme, mais aussi le soutien américain aux réformes démocratiques et économiques du Maroc, seront évoqués entre le président américain et le souverain marocain.
H.A

Libye
Les drames se succèdent

Situation sécuritaire précaire, crise politique, effondrement de l’État, milices et gangs… Les drames, individuels ou collectifs, rythment la vie en Libye. Personne n’est en sécurité ni à l’abri d’une fusillade ou d’un enlèvement… Les Libyens n’ont pas beaucoup de choix. Entre périr sur le sol des ancêtres ou partir s’installer dans d’autres pays du Maghreb ou ailleurs, pour ceux qui en ont les moyens, que faire?


Le pays bascule-t-il dans la guerre civile ?
La nuit du 7 au 8 novembre a été sanglante à Tripoli. De violents affrontements entre des milices, déclenchés par la mort d’un des chefs des groupes armés, ont secoué la ville laissant une dizaine de morts et plus de trente blessés parmi les civils. Les hommes de la brigade Nossoor de Misrata, les milices de Tripoli, et d’autres encore se sont affrontés, déployant les armes lourdes et les canons anti-aériens dans leurs combats, ruinant plusieurs bâtiments dont l’hôtel Radisson où logent les diplomates et les hommes d’affaires étrangers.
Deux jours avant, des hommes de la brigade Nossoor  sont arrêtés à un check-point par une milice du ministère de la Défense, une brigade d'ex-rebelles de Souk al-Jomaa. Le chef de la brigade arrêté pour le contrôle, Nouri Friwan, est blessé dans un échange de coups de feu et décède jeudi soir à Malte où il avait été évacué.
Un renfort est aussitôt arrivé de Misrata constitué d’un convoi équipé de canons antiaériens afin que «vengeance soit faite.»

Assassinat de civils
Mais si les rivalités politiques et les luttes de territoire pouvaient expliquer, même dérisoirement, ce déchaînement de violences et ces tueries, les civils eux, continuent à être assassinés ou, dans le meilleur des cas enlevés, sans que des comptes ne soient rendus, ni que des enquêtes soient vraiment diligentées.
Ainsi, Zohra Khemisti, une jeune algérienne de 30 ans, a été retrouvée tuée par balles en Libye alors qu’elle se rendait à son travail.
H.A

 

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