Depuis son arrivée à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), Yassine Ayari tente, tant bien que mal, de prendre de la hauteur et de s’imposer à sa façon. Il y a eu d’abord, l’épisode l’ayant opposé au ministre de l’Education, Hatem Ben Salem, lorsqu’il avait annoncé qu’il déposerait plainte contre lui en raison des dramatiques incendies de l’internat de Thala. Depuis ce jour, aucune nouvelle.
Par la suite, Yassine Ayari a voulu montrer ses muscles lors de l’audition du Chef du gouvernement, Youssef Chahed, vendredi 23 mars 2018, en tant que donneurs de leçons sur les promesses non tenues de Chahed. Là encore, c’était une tentative vouée à l’échec de se distinguer.
Le dernier épisode en date est celui des plénières des 24 et 26 mars 2018, consacrée au vote pour le prolongement, ou non, du mandat de l’Instance Vérité et Dignité (IVD). On se souvient encore de la fureur de Yassine Ayari samedi dernier lorsqu’il avait pris la défense de Sihem Ben Sedrine, présidente de l’Instance.
Un volte-face surprenant
Cependant, le jeune député semble avoir oublié qu’un an plutôt, il a violemment critiqué Madame Ben Sedrine sur son blog. Des attaques virulentes ont été rédigées sur cet espace. Il y a dénoncé, le 9 septembre 2017, les dépassements administratifs et financiers au sein de l’IVD. « J’ai entendu parler des voitures et des recrutements illégaux… le tout avec l’argent du contribuable… Seule la Cour des Comptes nous fournira des réponses. Le gaspillage de l’argent public est notamment constaté dans les coûts des communications et des auditions en direct. […] Mon enquête m’a conduit jusqu’au site Web (de l’IVD) qui demeure catastrophique malgré son prix exorbitant. Monsieur Jazem Hilaou a presque arnaqué le contribuable. […] En 2016, l’argent du contribuable a été dépensé pour l’aménagement de l’espace des auditions en direct », peut-on lire sur le blog du député.
Yassine Ayari, en bon « enquêteur de principe et fervent défenseur de l’argent du contribuable », a également évoqué le contrat signé avec l’entreprise Panorama Tunisie pour l’organisation de la première séance d’audition en direct. Il s’agit, rappelle-t-il, de la filiale de Y&R, basée en Israël. C’est cette même entreprise qui a été citée, la soirée du lundi 26 mars 2018, par Hsouna Nasfi, député d’Al Horra, et Sofiene Toubel, président du bloc parlementaire de Nidaa Tounes. « Il n’y avait que cette entreprise en Tunisie ? N’a-t-on aucune considération pour les victimes de Hammam Chott ? », s’est interrogé, un an plutôt, Yassine Ayari, en bon blogueur et défenseur des tunisiens.
Où est passé ce Yassine Ayari aujourd’hui ? Le jeune blogueur semble avoir bien endossé son costume de député pour la circonscription d’Allemagne. Il a été, rappelons-le, soutenu par Moncef Marzouki, ancien président provisoire de la République, et fervent soutien de Sihem Ben Sedrine et de sa bande. A-t-on imposé un volte-face à Yassine Ayari pour qu’il puisse profiter du soutien de Harak Tounes aux législatives partielles ? C’est possible, compte tenu de ses positions contradictoires. Le député se contredit sans difficulté. Il avait reproché au Chef du gouvernement d’avoir rompu ses promesses, oubliant que l’hypocrisie est bien plus grave sur le plan moral…