La première visite de Youssef Chahed, chef du gouvernement, à Paris a pris fin vendredi 11 novembre 2016. Intense et riche en rencontres, cette visite l’a été à plus d’un titre.
D’abord par entretiens que Chahed a eus avec les responsables français, particulièrement, François Hollande, Manuel Valls, Jean Marc Ayrault, Claude Bartolone et Gérard Larcher.
Ensuite par le soutien réaffirmé de la France à la transition démocratique en Tunisie, à sa lutte contre le terrorisme mais aussi, et surtout, par l’engagement réitéré de continuer à soutenir notre pays dans son développement économique et l’aider à sortir de la crise dans laquelle il se débat.
Pour ce faire, et cela a été confirmé par le président français, les efforts fournis pour booster le développement seront renforcés et un plan exceptionnel a été mis au point pour aider l’économie tunisienne.Intense, également, par les rencontres et activités parallèles que Chahed a eues avec le président et certains membres du MEDEF, les rédacteurs en chef des principaux médias français, pour terminer avec les représentants de notre communauté en France.
Mission, donc, accomplie et le chef du gouvernement n’aura pas soufflé jusqu’à la dernière minute.
Et pour cause. Le mot de la fin de cette visite a été donné sur Europe 1 au micro de Jean Pierre Elkabbach. L’occasion était propice pour adresser un message à la communauté internationale.
« La Tunisie n’est pas une question économique, d’arithmétique et de comptabilité, c’est un enjeu géopolitique. La Tunisie est aujourd’hui un pays libre où on respecte les droits de l’Homme, qui s’est récemment doté d’un Conseil Supérieur de la Magistrature et où une Cour Constitutionnelle sera mise en place. Nous avons beaucoup dépensé pour mettre en place une jeune démocratie et la consolidation de cette démocratie passe par une relance économique ». Tout est dit et il est important pour ceux qui se présentent en tant qu’amis de cette jeune démocratie de la traiter, et de traiter avec elle, en fonction de cette nouvelle réalité.
La réussite de l’expérience tunisienne est véritablement une exception, même si sa facture a été lourde sur plusieurs plans. Et cela ne se limite pas à la lutte contre le terrorisme ou la corruption.
Et c’est dans ce sens que Youssef Chahed a profité de ce passage sur Europe 1 pour rendre hommage aux victimes de l’attentat de Paris à deux jours de sa commémoration et pour préciser, en réponse à la première question d’Elkabbach relative au martyre du soldat Ghozlani, que le terrorisme ne frappe pas qu’en Tunisie.
« Nous avons réalisé des succès importants ces douze derniers mois, toutefois la lutte contre le terrorisme est une guerre quotidienne et constante », a-t-il fait savoir pour rappeler les défis sécuritaires auxquels font face la Tunisie et la France. Toutefois, précise encore le chef du gouvernement, la Tunisie, qui se trouve directement impactée par la situation très incertaine en Libye, a réussi depuis un an à améliorer, voire stabiliser sa situation sécuritaire en triplant le budget du ministère de l’Intérieur et de la sécurité.
Jean Pierre Elkabbach orientait ses questions sur des sujets qui, à son sens, pouvaient être gênantes pour le jeune chef de gouvernement, sauf que ce dernier a été égal à lui-même, adoptant la franchise qui le caractérise depuis son accession à la primature.
La situation politique, économique et sociale de la Tunisie ne constituant pas un secret, les relations de la Tunisie avec les pays amis étant basés sur l’entente, la coopération et le respect mutuel, toutes les questions trouvaient réponses. Qu’il s’agisse des relations de la Tunisie avec les USA, suite à l’élection de Donald Trump ou des tensions nées du projet de loi de finances, Youssef Chahed a été explicite.
Les relations entre la Tunisie et les Etats Unis sont séculaires et solides et rien ne laisse présager qu’elles changeront avec le nouveau président. « Je pense que l’élection du nouveau président américain ne changera pas les relations entre la Tunisie et les Etats-Unis et je pense que l’administration américaine continuera à travailler d’une manière excellente avec la Tunisie. Les Etats-Unis ont beaucoup aidé la Tunisie après la révolution, c’est un partenaire stratégique et important pour notre pays » précise Youssef Chahed.
Le courage aller dans les réformes
S’agissant de ce que l’on pourrait appeler la question de la justice fiscale, et c’est le cas de le dire, à l’origine de tensions entre le gouvernement et les professions libérales, particulièrement les avocats et les médecins, auxquelles Elkabbach a fait allusion considérant que les tunisiens qui demandent à la communauté internationale de les aider devraient commencer par donner l’exemple en accomplissant leurs devoirs fiscaux et en participant à l’instauration de la justice sociale.
La réflexion, n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd et Chahed rétorquera que le projet de loi de finances 2017 constitue une réforme de fond qui se heurte à des difficultés et à une résistance. Et ça n’est nullement surprenant quand on sait que toute réforme fiscale pouvant toucher les intérêts de certains est toujours mal accueillie.
« Nous nous sommes engagés et nous avons été courageux, après deux mois de notre investiture, d’aller dans ces réformes », conclut-il.
La visite du chef du gouvernement à Paris aura été une réussite. Youssef Chahed a été très convaincant et a montré la grande détermination du gouvernement qu’il dirige pour aller de l’avant et réussir son mandat. Aux amis de la Tunisie d’en saisir le sens.
F.B