Le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, a défendu, lors d’un entretien accordé à la chaîne Elhiwar Ettounsi le soir de ce jeudi 12 octobre 2017, le projet de loi de Finances 2018. « Comment peut-on en parler en s’appuyant sur des fuites ? Il a été adopté ce jeudi en Conseil des Ministres », déclare-t-il devant Meriem Belkadhi. « Il n’y aura pas de hausse des vignettes, encore moins une hausse du prix du timbre de voyage », lance le Chef du gouvernement, coupant court aux fuites diffusées récemment sur le texte.
Le Chef du gouvernement souligne que le projet de loi de Finances sera notamment axé sur la croissance et l’exportation. Deux éléments assurés par les petites et moyennes entreprises (PME). Dans ce cadre, un fonds de soutien sera créé à leur profit afin de les soutenir dans leurs difficultés, selon Youssef Chahed. « Le but est de préserver les emplois », précise-t-il. « On ne peut pas rester dans le système de compensation actuelle. Le propriétaire d’un yacht n’a pas besoin du gasoil subventionné. Il y a ceux qui en ont besoin, et ceux qui n’en ont pas besoin », explique-t-il par ailleurs au sujet de la réforme de la caisse de compensation.
Réagissant à la réaction des syndicats sur les questions brûlantes – privatisation des entreprises publiques et caisses sociales -, le Chef du gouvernement considère « qu’il n’y a plus de sujets tabous en Tunisie ». « Il n’y aura pas de privatisation. Toutes les mesures que nous avons conçues vont dans l’intérêt des couches sociales les plus pauvres », assure-t-il. Il poursuit en affirmant qu’un avantage fiscal sera accordé aux nouvelles entreprises. « Faites travailler les jeunes et vous bénéficierez de 3 ans d’exonération fiscale », annonce Youssef Chahed.
« Soit l’Etat, soit la corruption »
D’autre part, Youssef Chahed a été interpellé sur la dégringolade du dinar tunisien, notamment face à l’euro. « Le projet de loi de finances 2018 prévoit la création d’un fonds de soutien aux exportations visant à soutenir les exportateurs. Le déficit commercial sera ainsi réduit », déclare-t-il, soulignant que l’impact sur le dinar, en boostant les exportations, peut être positif. Néanmoins, il n’exclut pas une révision de la politique monétaire. « Personne n’est au-dessus de la critique », répond-il à une question sur Chedly Ayari, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT).
Revenant sur la guerre contre la corruption, le Chef du gouvernement assure que son équipe est la seule à avoir engagé cette guerre. « Soit l’Etat, soit la corruption et on choisira toujours l’Etat », martèle-t-il, reprenant sa fameuse formule prononcée au début de cette guerre. Youssef Chahed fait valoir la détermination et l’audace de son équipe. « Nous avons soutenu la Justice car son rôle est fondamental dans cette lutte. C’est une guerre difficile qui prend du temps. Il faut la poursuivre », dit-il encore.
Sur l’affaire de Gammarth, il s’abstient de commenter la décision de la justice. Il considère qu’en matière de libertés individuelles, la Tunisie a avancé. Néanmoins, il lui reste encore du chemin.