Youssef Chahed : « Réformer les entreprises publiques ne veut pas dire les céder ! »

Soulevée  lors d’une conférence à Tunis par le président de la CONECT Tarak Cherif, la question de la privatisation des entreprises publiques a été reprise par le Chef du gouvernement, Youssef Chahed. Ce dernier considère que réformer ces entreprises ne signifie pas leur cession.
« Bien au contraire : ces entreprises ont un poids important, que ce soit au niveau social ou économique. Il est donc nécessaire de les sauver », a-t-il déclaré. Dans ce même contexte, le Chef du gouvernement a insisté sur la nécessité de restructurer les entreprises publiques afin, dit-il, de garantir leur pérennité. Il s’agit également d’une manière de leur permettre de remplir pleinement leur rôle dans l’économie nationale. « Elles deviendront, ainsi, un élément essentiel pour lancer des projets en rapport avec leurs domaines d’activités et les développer », a-t-il encore déclaré.
D’autre part, Youssef Chahed est revenu sur la stratégie du gouvernement visant à réformer les entreprises publiques. Elle porte, notamment, sur la bonne gouvernance, la restructuration des ressources humaines et le dialogue social. Le gouvernement, d’après son Chef, va se pencher sur la réforme des entreprises publiques au cas par cas, secteur par secteur, de « manière scientifique ».
Dans ce cadre, le dialogue sera ouvert à tous et toutes les propositions concernant la réforme de ces entreprises seront étudiées, du moment qu’elles prennent en compte, selon Youssef Chahed, l’intérêt du citoyen et de la nation.

« L’entreprise publique en Tunisie : Actualité, Enjeux et perspectives »
Il faut rappeler que les résultats d’une analyse de la situation des entreprises publiques ont été présentés à l’occasion de cette rencontre.
Au regard des exigences de la performance économico-financière mais tout en prenant en considération les facteurs sociaux, sociétaux et politiques, l’entreprise publique est sujet de plusieurs questionnements.
Le secteur des entreprises publiques joue un rôle déterminant dans le paysage socio-économique de la Tunisie au regard de son effet sur les indicateurs de développement aux échelles nationale et régionale. Toutefois, depuis des années, le secteur a commencé à manifester des signes inquiétants d’essoufflement marqué notamment par la baisse des recettes, la faible compétitivité, l’accumulation des pertes et le surendettement de la majorité de ces entreprises. Cette situation s’explique à priori par un ensemble de facteurs endogènes et exogènes : perturbations et arrêts fréquents de l’exploitation, vieillissement du matériel de production, difficultés de recouvrement des créances, sureffectifs, insuffisance de la subvention publique, erreurs de gestion, de gouvernance  et de pilotage, prolifération de la contrebande et du vandalisme, concurrence internationale et dévalorisation du dinar. Sans négliger une performance environnementale fortement contestable.
Qualifiée de « gouffre financier permanent » par certains experts et financiers, l’entreprise publique Tunisienne continue de faire l’objet de controverse, pour des considérations « stratégiques », de solidarité et de paix sociale, dans des activités « productives » ainsi que d’autres « improductives ». Sept ans après le déclanchement de la révolution Tunisienne et face à une relance économique qui s’annonce difficile ainsi qu’un sérieux déficit budgétaire public, maintes inquiétudes s’installent quant à sa performance et son devenir. A ce jour, elle se place au cœur des débats économiques, politiques, sociétaux, managériaux (ou de gouvernance), voire historiques et idéologiques.

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