Zakia Hadiji exposeau Palais Ennajma Ezzahra: Sur les hauteurs de Sidi Bou Saïd, l’artiste a été à la hauteur !

Ni jury, ni récompenses pour une très belle exposition qui a animé les jardins parfumés du Palais du Baron d’Erlanger à Sidi Bou Saïd. Comme si Zakia Hadiji puisque c’est d’elle qu’il s’agit  s’est voulu dans le refuge des « refusés » de la scène officielle. Plusieurs arts sommeillaient  en elle depuis toujours mais la journaliste de formation  se consacrait corps et âme à son métier premier. Aujourd’hui nous retrouvons l’artiste dans toute sa splendeur.

Après la musique, le chant, la peinture, la voici s’éclatant dans la sculpture émanant du plâtre ! Comme un retour aux origines lorsqu’elle admirait, enfant, cette poussière pure et blanchâtre qui envahissait l’atelier de son père qui malaxait la matière avec talent.

Dès l’entrée du Palais Ennajma Ezzahra, nous comprenons très vite pourquoi l’artiste est dans son élément ici. Un décor que l’on peut qualifier de théâtral d’où se dégage une musique authentique noyée dans l’air marin. On est déjà mis dans le bain : des sculptures renaissantes d’une mythologie apparaissent. Une beauté captivante nous accueille dignement.

L’exposition met en évidence une source d’inspiration greco-romaine particulièrement peu connue du sculpteur tunisien.. Le formidable travail appréhende  la sculpture contemporaine à partir du plâtre et de la récupération d’objets.

L’image de l’art libérée des contraintes des souvenirs lourds d’une nation emprisonnée par un système politique totalitaire se dégage. Des sculptures miniatures immaculées à part une exception où surgit une couche de couleur sang. Une blessure encore fraiche !

C’est comme si l’exposition  se caractérisait par une recherche, directe ou déguisée, d’une identité.

L’artiste s’est arrachée à une période, mais elle a dû aussi se détacher d’un héritage politique imposé. L’oppression, la Révolution, puis la déception l’ont poussée vers cette affirmation artistique. Elle a pu s’évader : « Il fallait que je me libère d’une souffrance qui a duré trois… le temps d’achever ce travail. Je me sens délivrée».

Si ma mythologie a  inspiré Zakia Hadiji, l’imagination qui en découle lui a fait créer les mythes figés. Ils s’offrent à notre regard le temps d’une exposition. Ces sculptures nous contemplent pour mieux se jouer de nous.

Tanit, Elyssa, Apollon, ainsi que des muses qui ornent l’espace aérien marin et verdoyant. Leurs grâces, leurs attitudes mais aussi cette élégance au drapé blanc rappelant les canons grecs de l’art classique que l’artiste a su assimiler jusqu’à vouloir le dépasser. « Le langage de la sculpture est un néant prétentieux s’il n’est pas composé de mots d’amour et de poésie. »

Une véritable mise en scène a été réalisée pour installer ces collections. Les grands mythes et légendes qui ont fait l’histoire de Rome, de la Grèce et de la Tunisie dans des mondes différents. Ils émanent de l’imaginaire ou de la réalité de l’artiste ? La réponse est artistique !

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